La visibilité des musulmans semble poser la question identitaire en
Europe. Discrimination, incompréhension, voire racisme sont le lot quotidien
d'humiliations entretenues par le monde politique et celui des médias. Seul, le
monde associatif et universitaire résiste à cette dérive dangereuse pour la
paix en Europe et… ailleurs.
En Europe, le débat sur les questions identitaires et religieuses est
monté, ces dernières semaines, d'un cran. Plus précisément, le débat se
cristallise autour de la «présence musulmane» en Europe, son rapport aux
valeurs judéo-chrétiennes et à la démocratie occidentale.
En tête, les partis politiques de
l'extrême droite surenchérissent dans le mensonge, l'opprobre, l'amalgame et la
manipulation de la présence musulmane face à la droite nationaliste, qui a
compris l'effet racoleur dans les milieux populaires du débat sur l'identité
nationale en période électorale et s'en saisit à son tour. Le débat est
violent, dangereux et a fini par ne plus viser, au-dessus et par-dessus tout,
que la seule présence des immigrés maghrébins et ceux qui ont pour foi l'islam.
Cette comédie politique aux relents fascistes est amplifiée par les J.T des
médias lourds et la presse à sensation et scandales. Les télés exposent la
«souffrance» des femmes portant la burqua, le niqab et même le voile. Les
journaux rapportent, quotidiennement, des faits divers de violences, vols et
agressions sur de veilles personnes commis par des adolescents et jeunes
immigrés. Jusqu'aux écoles qui, dans certains pays comme la France, sont
devenues des bunkers sous surveillance des caméras vidéo, de policiers et
gendarmes. Une image et un climat de guerre des sanctuaires du savoir de «nos
enfants». Le battage médiatique est permanent. La société s'installe dans un
climat de peur permanente. Pour rassurer leurs opinions prises dans le vertige
de la peur, les pouvoirs politiques répondent par des actes, souvent à la
limite de la légalité, pendant que ceux qui aspirent à la conquête du pouvoir,
estiment que ces réponses sont insuffisantes. A l'approche d'échéances
électorales, les actes et discours politiques redoublent, dans une enchère,
immorale, de férocité et de violence.
Les médias, pour des raisons
d'audimat, s'y accrochent et amplifient parfois le discours avec une
irresponsabilité inouïe. Heureusement que l'Europe dispose encore de bastions
de résistance à cette fuite en avant de la classe politique dans son incapacité
à répondre aux véritables problèmes économiques et sociaux que vivent leurs
sociétés. Angoisses légitimes des populations face à la crise
multidimensionnelle, fruit de l'ultralibéralisme et d'une mondialisation
économique incontrôlable.
Cette résistance se manifeste
dans la société civile organisée (le monde associatif) et dans un autre temple
du savoir, qui fait honneur à sa tradition : les universités. Oui,
régulièrement, chaque jour, en France, en Belgique, en Allemagne, en Angleterre,
au Canada, aux USA et ailleurs, des chercheurs, philosophes, écrivains,
étudiants, journalistes, artistes… se rencontrent dans les universités, les
sièges d'associations civiles, ils débattent et discutent des questions de
l'immigration, de la présence musulmane, des minorités ethniques, religieuses,
culturelles… exclues de la scène publique. Ce vaste mouvement «averti» active,
bouge et prend des risques sans être… médiatisé, encouragé. Sans bénéficier de
l'intérêt des médias, en particulier ceux dits «lourds». Ce boycott par les
médias n'entame en rien la résistance de ce monde intense et foisonnant. Et pas
seulement le boycott par les médias, puisque très rares sont les hommes
politiques au pouvoir ou dans l'opposition qui y participent. L'un ne va pas sans
l'autre : caméras de télé et personnages politiques en quête de promotion.
C'est que ce monde du savoir et de la citoyenneté responsable qui échappe aux
manipulations politiciennes promeut un discours différent. Il démontre
l'absurdité du discours politique ambiant et replace les urgences de la
modernité dans le contexte de la mondialisation envahissante (et inévitable à
long terme). Il construit les paradigmes nouveaux et futurs d'interprétation de
la démocratie, de la légalité, de l'égalité, de la justice de la… liberté.
C'est un combat permanent contre le révisionnisme et les dangers de la soif du
pouvoir pour le pouvoir. C'est un combat qui s'inscrit dans le sens du
mouvement de l'histoire. Qui n'a pas remarqué que depuis que le président
américain, Barack Obama, a décidé d'ouvrir le dialogue avec le monde musulman
(discours du Caire, juin 2009), depuis son vœu de promouvoir le dialogue des
civilisations contre celui de leur affrontement, depuis ses tentatives au
profit d'une concertation multilatérale sur les grandes questions du monde
contre l'unilatéralisme de son prédécesseur George Bush, l'Europe politique se
recroqueville, se crispe et remet au goût du jour les questions identitaires,
l'immigration… Dans la lancée, elle abandonne, peu à peu, sa solidarité sur le
terrain aux Américains dans leur engagement contre les talibans d'Afghanistan.
«Obama veut s'ouvrir au monde musulman, cela ne nous arrange pas, nous,
Européens. L'islam nous fait peur» c'est le message du monde politique européen
à Obama. Et Tout ce débat sur l'islam en Europe est porté sur la scène publique
par une majorité de «spécialistes» qui ignore non seulement la très grande
complexité et intensité du message coranique, mais ignore jusqu'à la culture,
les us et coutumes du monde musulman, ignore… l'histoire du monde musulman et
son rapport et apport à la civilisation universelle.
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Posté Le : 01/03/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com