Algérie

L'Europe et Gassi Touil


Prudence. C'est ainsi que l'on peut qualifier l'attitude de l'Union européenne à propos du contentieux entre Sonatrach et le consortium espagnol Repsol et Gas Natural né de l'annulation du contrat de Gassi Touil. Au moment de l'annonce de la rupture du contrat, les responsables européens avaient fait état de leur «préoccupation» mais ont évité de réagir, à chaud, sur le fond, malgré les tentatives de politisation de l'affaire de la part des entreprises espagnoles. Hier, la commissaire européenne chargée des relations extérieures Benita Ferrero-Waldner ne s'est pas départie de cette attitude prudente en appelant à une «solution acceptable» pour les deux parties. En réponse à une question d'un eurodéputé socialiste espagnol, Benita Ferrero-Waldner a rappelé que l'Europe a déjà exprimé sa «préoccupation» aux gouvernements algérien et espagnol et a lancé un appel pour une solution «acceptable» pour les deux parties. On peut supposer que l'eurodéputé espagnol attendait une solidarité plus grande de la part de l'Union européenne. Le fait que la chargée des relations extérieures s'en tienne à des généralités et à des voeux montre que le dossier de Sonatrach dans l'affaire de Gassi Touil ne manque pas de solidité. En dépit des accusations politiques lancées d'Espagne par les entreprises concernées et les médias, la responsable européenne est forcée d'admettre que le «litige paraît être de nature commerciale». L'utilisation du verbe «paraît» peut paraître ambiguë, comme si la responsable européenne se ménageait la possibilité de requalifier la nature du litige. Elle suggère en effet que l'Union européenne en «fonction du développement de la situation» pourrait être plus active et examiner la question dans le cadre de «l'accord d'association» entre l'UE et l'Algérie. L'Espagne ne désespère pas de «sauver» le projet Gassi Touil pour ses entreprises. L'Europe aussi le dit en souhaitant une «solution acceptable» pour les deux parties. Pour Sonatrach, une solution n'est acceptable que si elle compense les pertes dues aux retards dans la réalisation du projet par les entreprises espagnoles. C'est pourquoi, tout en se disant ouverte aux discussions, Sonatrach ne revient pas sur la procédure d'arbitrage. Au-delà des précautions de langage, on semble avoir définitivement tourné la page de l'idée d'un partenariat extérieur pour Gassi Touil. Le gain de temps escompté n'étant pas réalisé, l'entreprise nationale entend le faire seule et par ses propres moyens. L'appel de Benita Ferrero-Waldner à une «solution acceptable» colle à l'attitude du gouvernement espagnol, mais il paraît être dépassé. Ira-t-on jusqu'à une politisation du litige ? La tentation existe bien sûr, mais la chargée des relations extérieures a rappelé que l'Algérie, troisième fournisseur de gaz naturel à l'Europe, a démontré depuis des décennies qu'elle était un «fournisseur fiable». Le constat était juste avant l'annulation du contrat de Gassi Touil. Il n'y a pas de raison qu'il en soit autrement après.
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