L'euro joue sa survie Dix ans après son adoption

dix années après son arrivée dans la vie quotidienne des pays européens, l'euro est actuellement mal aimé. Les derniers chiffres des sondages parlent d'eux-mêmes. La moitié des Français et 60% des Allemands estiment que finalement la création de l'euro n'était pas une bonne idée. Mais pour autant, deux Français sur trois veulent le conserver. L'adhésion est beaucoup plus forte en Espagne, où 70% des personnes interrogées pensent, qu'en dix ans, l'euro ne leur a rien apporté de bon. Les spécialistes soutiennent que la cause n'est que l'actuelle crise économique qui secoue le Vieux Continent. D'ailleurs, durant le 1er janvier passé, soit le jour du lancement des premiers billets en euros, la monnaie commune a vécu son 10e anniversaire dans une discrétion révélatrice.En effet, les célébrations officielles de ce qui a été, à l'époque, le plus grand basculement fiduciaire jamais réalisé - 14,9 milliards de billets et 52 milliards de pièces introduits du jour au lendemain dans 12 pays fondateurs - restent discrètes. Ces derniers ajoutent que 2012 risque d'être «plus difficile» encore que l'annus horribilis que vient de traverser la zone euro. Partie de Grèce, il y a deux ans, quand Athènes a admis avoir trafiqué ses comptes pour adopter l'euro, la crise de la dette a gagné le Portugal, l'Irlande et menace aujourd'hui tous les pays de la zone, malgré les plans de sauvetage et sommets européens «de la dernière chance» qui se sont succédé tout au long de 2011. Et, pour la première fois, la question de la survie de la monnaie commune est posée. Alors que les gouvernements vont devoir, en ce début d'année, retourner massivement se refinancer sur les marchés, la Grèce joue, en ce mois de janvier, sa survie financière dans de difficiles négociations avec les banques pour réduire de moitié ses créances. Du fait notamment des réticences de l'Allemagne à mettre la main au portefeuille, la zone euro n'est toujours pas parvenue à se doter d'un pare-feu suffisamment solide pour aider en même temps plusieurs pays de la taille de l'Espagne ou de l'Italie. Et les derniers chiffres donnent de l'essence à cette question. En effet, l'euro a fini l'année au plus bas niveau depuis plus de dix ans face au yen, et le plus bas depuis près de 16 mois face au dollar (tout en restant nettement au-dessus de celui qu'il avait face
à la monnaie américaine à sa création).
S. B.