Algérie

L'euphorie des supporters algériens est retombée après la défaite face



L'euphorie des supporters algériens est retombée après la défaite face
Les drapeaux vert, rouge, blanc sont trempés.L'enthousiasme des supporters algériens aussi. La nuit n'est pas encore tombée sur Marseille, en ce mardi 17 juin, que déjà le calme règne autour de la Canebière. L'euphorie provoquée tout au long de la journée par l'entrée encompétition de l'Algérie avait pourtant résisté à un hallucinant orage de grêle... Mais elle a été douchée par les deux buts de la Belgique, qui ont soufflé du même coup les dizaines de fumigènes allumés sur lesterrasses après l'ouverture du score de Sofiane Feghouli (2-1).Dans le centre de Marseille, les matchs des Fennecs sont des rendez-vous qui remplissent les tiroirs-caisses des bars, inquiètent les élus et mobilisent les forces de l'ordre. Ils se finissent parfois en bataille rangée sur le Vieux-Port avec les RFS, comme lors de la Coupe du Monde 2010, pour un Slovénie-Algérie (1-0) tendu. «Ici, il y a beaucoup de binationaux, détaille Linda Zoubir, fonctionnaire au conseil régional et pilote de l'Association de détection et de prévention de la santé par le sport (ADP25). Les gamins sont nés à Marseille mais ont tous aussi un passeport algérien. C'est plus facile pour rentrer au bled.»A Belsunce, Noailles ou au Chapitre, ces quartiers du 1er arrondissement, l'Algérie est plus qu'une seconde nation. «Nous sommes 100% Algériens, c'est dans nos gènes, confirme Halim Hamitri, 36 ans, qui vit et travaille dans ces rues. Et dès qu'on parle de foot, c'est très chaud.»Pour cette Coupe du Monde, Linda Zoubir, «lassée de voir le quartier montré du doigt», a tenu à agir. Elle a proposé à la nouvelle maire de secteur, l'UMP Sabine Bernasconi, une opération inédite de médiateurs «pour reprendre l'espace public», intitulée. Le centre-ville fête le foot». «Des gardes du quartier qui vont aller dans les bars et parler aux jeunes», explique-t-elle.Le soutien municipal a été immédiat. Mais il se limite à l'achat des tee-shirts que les bénévoles, dont certains drapés dans la bannière algérienne, viennent chercher avant le match. «La mairie a choisi le vert à cause du Brésil, s'amuse Linda Zoubir. Heureusement, c'est aussi la couleur de l'Algérie.» Présente à ladistribution, Sabine Bernasconi plaisante avec les jeunes, cite Gad Elmaleh... «On veut anticiper tout débordement, insiste-t-elle. Mais, ce qui m'intéressesurtout, c'est leur attitude citoyenne.» Un discours éloigné de celui que tenait Jean-Claude Gaudin en 2011. «Quand il déferle 15 000 musulmans sur la Canebière et qu'il n'y a que le drapeau algérien... Cela ne nous plaît pas», expliquait alors le sénateur et maire UMP de Marseille. «Il s'est raté, mais ensuite il s'est excusé, convient Linda Zoubir. Depuis, la communauté l'a pardonné.» Pour le Belgique-Algérie, une compagnie de CRS et 200 policiers nationaux et municipaux sont également mobilisés entre Belsunce et Vieux-Port. «Mais on a demandé à ce qu'ils soient discrets, confie Guy Nicola, nouvel adjoint à la sécurité de Sabine Bernasconi... On voudrait éviter toute provocation.» Au coup d'envoi, à 18 heures, les uniformes ne sont pas plus visibles que les tee-shirts verts des quarante bénévoles de l'opération «Le centre-ville fête le foot». Les couleurs de l'Algérie débordent des rues. Beaucoup d'hommes, quelques femmes et des drapeaux partout. Sur la terrasse du Dar-Essalam, au milieu des alléesGambette, Saïd, le service ironise : «Les Algériens, ils ne tiennent pas en place ! Qu'ils gagent ou qu'ils perdent, c'est la même fête !»Ce soir, ce «Kabyle né à Paris» ne sort pas le téléviseur. Pour voir le match, il faut rentrer dans la salle, au milieu des habitués. Ou descendre versBelsunce. «Nous n'avons pas donné aux établissements l'autorisation de sortir leurs écrans», indique Guy Nicolaï... L'orage de grêle, dantesque, après un quart d'heure de jeu, fera mieux respecter la consigne.Au Splendid, un snack géant situé juste en face du commissariat Noailles, on goûte mieux à ce que peut être la ferveur des supporteurs algériens. L'ouverture du score transforme soudain la salle en cabaret géant.50e anniversaire, la chanson consacrée aux Fennecs par Torino, Milano et Khalass, stars algériennes, supplante le son de la retransmission.L'euphorie durera une demi-heure, s'éteignant doucement sous une pluie devenue fine. Alors que la nuit tombe, Linda Zoubir débriefe «ses gars» près du Vieux-Port.«Tout s'est bien passé mais on a été aidé par les circonstance» concède-t-elle. «Ce n'était pas forcément le soir le plus chaud, confirme Guy Nicolaï. On redoute les matches contre la Corée du Sud et la Russie (les 22 et 26 juin). Ils se jouerons à 21 et 22 heures et seront décisifs.»G. R.In Le Monde




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)