L’éthique et la morale dans l’Islam et leur impact sur le niveau civilisationnel de l’homme

L’éthique et la morale dans l’Islam et leur impact sur le niveau civilisationnel de l’homme «Je suis envoyé pour parfaire les vertus morales». L’introduction de la particule «innama» (uniquement) en tête du hadith vise à créer un effet hyperbolique. Ibn Abd Al Barr dit qu’elle focalise, dans le sens du hadith, la probité et le bien dans leur totalité, la foi, la grandeur d’âme, l’équité. C’est ce que l’Envoyé de Dieu est venu parfaire. Puisque le sujet de notre conférence d’aujourd’hui, d’après le hadith précité est «l’éthique et la morale dans l’Islam et leur impact sur le niveau civilisationnel de l’homme», il est nécessaire de définir d’abord le terme «morale»; ensuite nous en donnerons des exemples dans l’Islam, et enfin nous parviendrons au résultat en précisant l’effet de ces deux concepts dans la concrétisation du niveau civilisationnel de l’homme.La morale ici est l’ensemble des règles qui rehaussent le comportement de l’homme de sorte qu’il parvienne à réaliser son dessein qui consiste dans la paix de l’âme, la quiétude du cœur, la vie paisible et agréable, ici-bas, et dans l’au-delà. Par éthique, on veut signifier les règles et les critères qui organisent le comportement humain. On les désigne par ce terme pour le rôle que joue l’éthique dans l’élévation de l’homme vers les vertus et dans son comportement vers l’idéal. Dans ce sens, les deux notions paraissent assez proches dans leurs significations. A bien y regarder, ou ne manquera pas de relever un parallèle entre le terme khalq «création» et kholoq «morale». Le terme khalk renvoie à l’image manifeste de l’homme, dans sa forme, dans son aspect et dans sa constitution harmonieusement conçue. C’est le sens du propos du Très-Haut dans ce verset : «Oui, nous avons créé l’homme et l’avons formé harmonieusement...» (Le Figuier - XCV, 4) Le terme «kholok» en revanche exprime l’image interne de l’homme, c’est l’un des aspects fixes dans l’âme à partir duquel procèdent ses actions, c’est ce qui correspond au propos coranique quand les Aad répondent à Hud, leur frère, qui leur demande de craindre Dieu: «que tu nous exhortes ou pas, cela nous est parfaitement égal! «Notre conduite est seulement conforme à celle des anciens», ou bien « nos mœurs ne sont que celles de nos ancêtres». (Les poètes - XXVI, 136/137) Mais cette image interne, bien qu’elle soit, à l’origine, nature première et innée en l’homme, reste néanmoins tributaire de ses acquis, de son éducation et de sa formation, c’est d’ailleurs le sens que nous relevons dans les propos de l’Envoyé de Dieu (P.S) :«Tout enfant naît avec sa propre nature; ce sont ses parents qui le rendent juif, chrétien ou manichéen». Le Saint Coran ne considère pas l’âme de l’homme comme étant mauvaise ou malhonnête de nature. Il la considère plutôt comme étant créée selon la nature originelle: sincère et pure. Ceci va dans le sens que nous relevons dans les propos du Très-Haut :«Dirige tout ton être vers le Religion vrai croyant et selon la nature que Dieu originellement a donnée aux hommes. Il n’y a pas de changement dans la création de Dieu. Voilà la Religion immuable; mais la plupart des hommes ne savent pas». (Les Romains - XXX, 30) Le Coran nous a informé sur l’âme humaine. Elle a été initiée pendant sa formation naturelle et originelle aux deux notions du bien et du mal. Ainsi, elle connaît le sentiment du bien comme elle connaît le sentiment du mal. Elle est cependant susceptible de se purifier et de s’élever comme elle est susceptible de s’avilir. Le Coran nous a informés que l’homme est capable de purifier son âme et de dominer ses instincts. C’est le sens du propos du Très-haut : «Par l’âme et celui qui l’a harmonieusement façonnée, et lui a inspiré son immoralité, sa piété Bienheureux celui qui la purifie, et perdu celui qui la corrompt» (Le Soleil- XCI, 7-10) C’est aussi le sens du propos du Très-Haut : «Ne lui avons-nous pas donné deux yeux, une langue et deux lèvres ? Ne lui avons-nous pas montré les deux voies ? Mais il ne s’engage pas dans la voie ascendante». (La Cité - XC, 8-11) Mais, si toutes les personnes ne peuvent pas exercer cette influence sur leur âme et leur comportement, il en est certaines qui le peuvent et qui œuvrent à assainir le fond de leur cœur et leur for intérieur. C’est le sens du propos du Très-haut : «Quant à celui qui aura redouté de comparaître devant son Seigneur et qui aura préservé son âme des passions, le Paradis sera son refuge». (Ceux qui arrachent - LXXIX, 40-41) Tous ces versets nous prouvent qu’il existe en l’homme une force interne qui ne se limite pas à lui donner conseil et à lui montrer la bonne voie, mais qui l’incite aussi à faire telle chose ou à ne pas faire telle autre avec conviction et sérénité. Cette force, qui est dans son fond et dans sa conscience, qui ordonne ou déconseille, représente le volet éclairé à l’intérieur de l’âme. C’est le sens du propos du Messager de Dieu (P.S) : «Quand Dieu dirige son serviteur vers le bien, il fait de son âme un prêcheur qui recommande et qui réprouve». C’est également le sens que nous trouvons dans les paroles de Dieu : «Leurs songes leur ordonnent-ils cela ? Sont-ils un peuple tyrannique rebelle ?» (Sourate 52, La Montagne, Verset 32) Ce qui d’ailleurs nous prouve que l’être humain a toujours besoin de principes et de valeurs morales à même de purifier son âme et de corriger ses comportements.   A suivre .. Cheikh Mohamed Rachid Rhagib KEBBANI