A chaque évocation de la violence dans les stades de football, l'ensemble des intervenants mettent en cause l'organisation et la discipline du public. Journalistes, responsables des services d'ordre et observateurs focalisent généralement sur les «faux supporters» et les fauteurs de troubles qui saisissent la moindre faille pour semer l'anarchie. D'autres convoquent l'oisiveté et d'improbables difficultés sociales pour justifier les flambées de violence gratuite. Un hooliganisme qui prend, désormais, des proportions alarmantes. La liste des victimes s'allonge dangereusement et le volume des dégâts matériels s'alourdit continuellement. Rares sont ceux qui impliquent dans leur analyse du phénomène la responsabilité, directe ou indirecte, des clubs. Cependant, force est de constater qu'en matière d'éthique sportive les dirigeants et les techniciens de différentes formations ne sont exempts de reproches. Leurs déclarations enflammées dans les médias spécialisés et leurs errements en matière de management sont, très souvent, pour beaucoup dans le mécontentement ou l'excitation des fans. Les exemples dans ce registre sont légion. A chaque revers essuyé, le président du club, l'entraîneur et le joueur désignent invariablement l'arbitrage ou les mauvaises conditions d'accueil par l'équipe hôte pour se «dédouaner» envers leurs inconditionnels. Très rares sont ceux qui acceptent la défaite avec sportivité et présentent un argumentaire technique convainquant. Même dans le cas d'un mauvais arbitrage, un président se doit de s'astreindre à un devoir de réserve jusqu'à ce que la commission d'arbitrage tranche sur son cas. Parfois, ce sont les coachs qui incitent leurs joueurs à quitter le terrain pour soi-disant dénoncer une supposée gaffe d'arbitrage. Du jamais vu ailleurs ! L'instabilité chronique des staffs techniques et les remous intra muros, induits par la mauvaise gestion, renseignent aussi sur la moralité douteuse des dirigeants. En raison de la non perception de plusieurs mensualités, des joueurs se sont mis en grève dans nombre de clubs en boycottant les entraînements. Situations inédites qui résument le manque de sérieux et l'incompétence de nombreux dirigeants qu'il est malséant de citer nommément ici. Les chiffres de la phase aller de la Ligue1 sont assez éloquents à ce propos. 11 équipes sur les 16 sociétaires existants ont procédé à des changements, nécessairement nuisibles, au niveau de la barre technique. Malheureusement, ces remaniements sont fréquemment motivés par des incompatibilités d'humeurs qui s'apparentent davantage à des enfantillages. Beaucoup de techniciens licenciés ont même réalisé des résultats probants à l'exemple d'Abdelkader Amrani, Diego Garzito, Rolland Courbis ou Hubert Velud. Cela crée des divisions parmi les supporters. L'ESS, le CABBA, le CRBAF, le MCEE et la JSS ont déjà consommé trois entraîneurs chacun. L'USMA, le CSC, le MCO, le MOB, la JSMB et le CRB en ont «grillé» deux chacun. Seuls l'USMH, la JSK, le RCA et l'ASO ont préféré la stabilité. Au total, rien que pour la phase Aller, la Ligue1 a déjà utilisé 31 entraîneurs. Le constat est le même en Ligue2 où l'USMB, le leader, vient curieusement de remercier Abdelkrim Bira, auteur d'un parcours parfait jusque-là ! Ce mauvais management suscite généralement le courroux de la galerie qui recourt à des actes répréhensible pour exprimer son «dégoût». Ceci sans s'étendre davantage sur les accusations et les contre-accusations à propos de combines et de matchs truqués. Indices qui mettent déjà une puce à l'oreille des autorités publiques. «La Dgsn résolue à contribuer activement avec ses partenaires nationaux et internationaux à éradiquer toutes les formes d'atteintes à l'intégrité sportive, accorde un intérêt particulier à la qualification de son personnel et sa spécialisation, notamment ceux chargés de la lutte contre la corruption», a récemment annoncé le patron de la police algérienne. En matière de déontologie sportive, la FAF a beaucoup de chose à faire pour moraliser la discipline. Un code d'éthique strict devrait être impérativement mis en place pour sanctionner les déclarations incendiaires et les actes flagrants de mauvaise gestion. Incontestablement, une telle initiative est de nature à réduire sensiblement la violence et à offrir au football algérien les bases saines nécessaire à son épanouissement. «Vouloir gagner, savoir perdre», cet adage doit être parfaitement assimilé, et dans les plus brefs délais.K. A.
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Posté Le : 04/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Amghar
Source : www.latribune-online.com