Algérie

L'éternelle reconstruction '



Depuis une décennie, sous l'ère d'un professionnalisme de pacotille, des clubs tentent de franchir un palier et devenir compétitifs non seulement sur le plan national mais surtout à l'échelle internationale. A l'aide de gros budgets et de vedettes surcotées, ces équipes à qui l'essentiel de l'outil de travail (infrastructures d'entraînement, siège ou centre d'hébergement) manque, avancent d'un pas pour revenir deux autres en arrière. Et l'USM Alger, grand parmi les grands d'Algérie, illustre cette mauvaise séquence d'un football algérien qui croit toujours aux miracles.Quand l'ETRHB des frères Haddad s'emparait du club de Soustara au lendemain de «batailles fratricides» avec d'autres concurrents (MCA et JSK notamment) qui voulaient s'associer aux «nouveaux riches du pays», beaucoup d'espoirs ont enveloppé cet accord d'association que Saïd Allik, le président «déchu», ne voulait pas. A tort ou à raison, ceux qui voyaient en l'ETRHB le socle parfait d'une reconstruction et d'une restructuration de l'USM Alger n'ont pas tardé à jubiler même si leur joie était mitigée. Dominateurs localement, les Rouge et Noir peinaient à montrer leurs crocs sur la scène internationale, en Afrique d'abord. Les titres (2014, 2016 et 2019) et trophées nationaux (Coupe d'Algérie en 2013 et Supercoupe d'Algérie en 2014 et 2016), la Coupe arabe de 2013 ont fait «trembler» les fiefs des Algérois, de même que ceux de leurs rivaux jaloux de ce beau palmarès qui fait oublier aux fans usmistes les «misères» des années noires et les sept trophées perdus. Mais, cette embellie manquait d'un grain de sel qui pouvait offrir à la « recette» de l'ETRHB de bien meilleurs plats. Et la finale en LDC en 2015 face au TP Mazembe (RD Congo) ne pouvait que servir d'apéro à un menu assez copieux. La désillusion fut grande quand les joueurs de Miloud Hamdi se montrèrent impuissants à mater les Corbeaux maîtres chez eux, à Kinshasa, puis dans le vieux stade de Bologhine. Ce jour-là, la quête d'une vraie renaissance, et au-delà de la conquête d'une première étoile continentale, devenait une chimère pour un club dont le bailleur de fonds se montrait moins généreux envers l'USMA et plus gourmand quand il s'agit d'utiliser l'image de l'USMA pour assouvir ses désirs.
Serport, sauveur ou grand serviteur '
Au fil des ans, le club confié à Rebbouh Haddad rentrait dans les rangs. Malgré un recrutement bling-bling, l'équipe fait de la figuration sur la scène africaine et arrive difficilement à maîtriser la révolte locale.
Le titre en 2019 conquis au bout du suspense lors d'un match qui a fait du bruit face au CSC, à Constantine, fut le dernier sous le règne de l'ETRHB dont l'état-major est en prison pour des affaires liées à des scandales économiques. Un sacre que l'équipe managée par Abdelhakim Serrar a failli perdre en raison des difficultés financières connues dès lors que l'entreprise des frères Haddad était sous scellés. Les employés du club (joueurs, entraîneurs et autres personnels) n'avaient pas touché un rond depuis plusieurs mois et n'avaient que leur courage à mettre en ?uvre pour décrocher ce troisième titre national sous l'ETRHB.
Egalement engagée en LDC, l'USMA, l'équipe qui a connu des perturbations au niveau de ses structures techniques (démission de Dziri remplacé par Lamine Kebir) a atteint la phase des poules où elle a terminé lanterne rouge de son groupe composé de Mamelodi Sundowns (Afrique du Sud), le WAC (Maroc) et Petro Atletico (Angola). Il faut juste préciser que cette participation allait être annulée, l'USMA ayant affiché l'intention de déclarer forfait en raison de l'absence de ressources financières. L'on se rappelle aussi de ce déplacement en deux vagues en direction de l'Afrique du Sud. Ce n'est que grâce à quelques bienfaiteurs parmi les amoureux du club que la délégation réduite à sa plus simple expression a pu se rendre à l'étranger et à organiser, par ailleurs, ses mises au vert. Et c'est ainsi que Serport a montré son nez...
Comme sponsor lorsque l'ETRHB délaissait ses obligations envers le club puis comme nouveau bailleur-propriétaire. Le tout à la suite d'un long processus juridico-économique. L'USMA étant devenu ce gouffre insoutenable pour le Trésor public qui ne savait pas comment gérer les actifs et passifs d'une société déficitaire avec des chiffres astronomiques. Certains ont même évoqué la rondelette somme de 400 milliards. Certainement pour «désarçonner» quelques repreneurs.
Serport, instruit par l'autorité, et dont le patron Djelloul Achour n'a jamais caché son «affection» pour les Rouge et Noir, présentera son projet aux associés de la SSPA puis entamera l'?uvre d'assainissement réclamée par les milliers de supporters de l'équipe. L'arrivée du groupe coïncidera avec le retrait de certains «caciques» compensé par le recrutement de «technocrates» à l'exemple de Antar Yahia. Et sur le plan sportif, le projet de Djelloul Achour repose sur les concepts développés par l'ancien capitaine des Verts. L'homme d'Oum Dourman fera confiance à l'école française pour redresser la barre technique. Le Corse François Ciccolini sera le chef auquel ont été associés un de ses compatriotes (Nicolas Baup) mais aussi des Franco-Algériens (Benaraïbi et Benhamou). Puis, en pleine pandémie et en l'absence de toute activité sportive en Algérie, commencera le mercato de l'ancien défenseur du Milan AC. Celui-ci a fait son marché d'abord en France en s'offrant de méconnus mais prometteurs jeunes (Soula, Beneddine etc.). Puis, quand il est rentré sur Alger, il fera le tri en libérant quelques anciens (Meftah, Ardji, Cherifi, Mansouri, Tiboutine entre autres) et faisant la promotion de jeunes issus de l'équipe réserve. L'opération bouclée avant l'entame de la préparation, le 20 août dernier, les Usmistes ont été mis dans les meilleures conditions pour être prêts pour le match de Supercoupe 2019 contre le CRB (21 novembre) et, par-dessus tout, pour la saison 2020-2021 prévue une semaine plus tard (27 novembre).
La fausse note Ciccolini
Mais tout n'était pas parfait pour les gars de Soustara. Le match perdu face au Chabab a montré un ensemble moins serein que l'espéraient le coach Ciccolini et l'aréopage usmiste. Un premier flop aggravé par l'attitude déplacée de l'entraîneur français envers les officiels présents au stade du 5-Juillet, ce jour-là. La sanction est sans appel. Ciccolini, choisi par Antar Yahia pour construire une équipe, a fait mal aux traditions de l'USMA en manquant à un principe fondamental défendu par ses fondateurs. L'USMA qui a perdu beaucoup de titres durant son existence n'a pas tardé à signifier à Ciccolini qu'il n'était plus le bienvenu. Et c'est ainsi que son «histoire» s'arrête pour que recommence, après un léger intermède géré par Bouziane Benaraïbi et Mohamed Benhamou, celle de Thierry Froger. Un entraîneur qui partage les idées du directeur sportif Antar Yahia «séduit» par le vécu du Sarthois. Qui n'est que le dernier coach à avoir offert un titre au club algérois. Froger qui arrive dans un contexte difficile ne sera pas dépaysé même si l'ambiance créée par le kop de Bologhine ne sera, momentanément, pas de la partie à cause des restrictions liées à la pandémie du coronavirus.
Les Usmistes, défaits d'entrée par le CRB puis l'ESS, ont réagi positivement en allant chercher deux précieux nuls de Béchar puis de Tlemcen. Un sursaut qui encourage le staff et les joueurs à persévérer. Quant aux fans, ils attendront le «moment» pour réinvestir leur temple et porter l'USMA vers les cimes. Serport, lui, a mis la barre très haut à A. Yahia et ceux qui l'entourent. L'USMA doit vite revenir sur la scène continentale où elle doit surtout concurrencer les Ahly, Zamalek, EST, WAC, RAJA, Sundowns et autres superpuissants du football africain. Pari ouvert à partir de 2021 '
M. B.


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