L'éternel gaspillage de l'eau potable

Il ne se passe pas un jour sans qu'une manifestation ou une protestation éclate dans un quartier, un village ou une ville de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj.La plupart de ces mouvements sociaux ont eu pour enjeu de protester contre les pénuries d'eau : les habitants de plusieurs localités de Bordj Bou-Arréridj sortent dans les rues et bloquent les principaux axes routiers et leurs communes, pour exiger des responsables d'apporter des réponses à cette situation qui perdure.
Selon les responsables locaux, la pénurie d'eau potable résulte de l'insuffisance des ressources hydriques au niveau des réservoirs, d'une part, et des comportements de surconsommation, d'autre part.
"Malgré les efforts de la wilaya d'augmenter l'approvisionnement en pompant du barrage de Maouène de Sétif vers celui d'Aïn Zada, la demande reste plus forte, et surtout le gaspillage qui prend de l'ampleur en été", a expliqué un agent de l'ADE.
D'aucuns n'hésitent pas à attribuer ce pic à des citoyens, dans les villes comme dans les villages, qui font usage de l'eau potable même pour le lavage des véhicules, l'arrosage (en ville) et l'irrigation (villages). "Dans ma cité, ils sont nombreux à laver leurs voitures tous les jours, gaspillant d'énormes quantités d'eau, sans trop se poser de question", s'est offusqué Haytham, un habitant de la cité 500-Logements, en plein centre-ville de Bordj Bou-Arréridj.
Un lavage d'auto effectué avec un tuyau d'arrosage peut gaspiller plus de 400 litres d'eau. Le deuxième plus grand consommateur d'eau est l'industrie. "L'activité industrielle puise l'eau du réseau ou de la nappe. Personne ne recycle l'eau", a précisé Nadia, une étudiante en aménagement urbain.
Il y a enfin la vétusté et la mauvaise qualité des réseaux qui vont au-delà d'un certain volume.
"Il suffit de faire un tour dans la ville pour voir le nombre de fuites et la quantité d'eau gaspillée", a lancé cet ancien enseignant à la retraite. "Avant, il suffisait juste de faire la remarque au service concerné de la mairie et la fuite est réparée. Maintenant, avec tous les moyens existants, il faut attendre des jours, voire des mois pour colmater une fuite", a-t-il déploré.
Mais au-delà de ces constats, le secteur de l'approvisionnement en eau déplore d'importants problèmes dont la solution exige la formulation d'une vision politique claire.
"Notre souhait est que les autorités prennent les mesures nécessaires pour remédier à ce que nous considérons être comme l'une des plus grandes menaces pour les générations futures : les tarifs déraisonnablement dérisoires de l'eau", ont soutenu des spécialistes.

Chabane BOUARISSA