Algérie

L'étendue des dégâts



L'étendue des dégâts
Dans tous les domaines, sans exception aucune, nous aurions pu être beaucoup mieux. Pour certains de ces domaines, nous avions même tout pour figurer parmi les meilleurs au monde.On ne prend la réelle mesure de son échec que lorsqu'on considère ce qu'on aurait pu réaliser. Ce à côté de quoi on est passé. C'est valable pour les individus. C'est aussi valable pour les sociétés. En ce qui concerne notre pays, plus on se rend compte de ce qu'on a perdu, de ce qu'on aurait pu faire, de ce qu'on aurait dû faire et qui était pourtant à notre portée, plus la déception est profonde et la colère explosive.Dans tous les domaines, sans exception aucune, nous aurions pu être beaucoup mieux. Pour certains de ces domaines, nous avions même tout pour figurer parmi les meilleurs au monde. On le dit avec conscience, raison et lucidité. On le dit aussi sans chauvinisme, sans démagogie et, rien dans les mains, surtout pas une brosse!Si on regarde, par exemple, l'enseignement supérieur chez nous, on peut mesurer l'importance des dégâts rien qu'en considérant ce qu'étaient nos étudiants en Algérie, ce que font nos étudiants à l'étranger, ce qu'ils deviennent et ce que font nos enseignants dans les universités étrangères et ce qu'ils deviennent. Quelques années après l'indépendance, notre université formait des étudiants de manière très honorable. Ils n'enviaient rien aux étudiants d'ailleurs. La preuve, lorsqu'ils partaient à l'étranger pour poursuivre leurs études, ils figuraient souvent parmi les meilleurs, lorsqu'ils ne sont pas carrément les meilleurs. Leurs connaissances étaient à jour dans beaucoup de domaines et spécialités. Leurs préoccupations ne différaient pas de celles des autres étudiants à travers le monde. Seul le domaine de la technologie nous échappait encore parce que les faibles moyens d'un pays sorti de guerre ne permettaient pas plus que ce qu'on avait dans nos laboratoires, dans nos ateliers, dans nos hôpitaux ou sur nos champs d'expérimentation.Leur savoir-faire était des plus performants. Largement reconnus par la communauté scientifique, pour certains, bien appréciés par des professeurs ou des confrères d'ailleurs, pour d'autres, ils avaient acquis, sur le banc de notre université, cet art - si compliqué à l'époque - de développer les compétences nécessaires à leurs métiers et spécialités. Quant à leur savoir-être, on peut le résumer en disant simplement qu'ils ont su, pour la majorité bien sûr, se montrer à la hauteur de la fantastique réputation de l'Algérie qui les précédait partout dans ce monde. Etre algérien à l'époque n'était pas facile à porter sur les épaules parce qu'on a toujours peur de porter atteinte à une image lorsqu'elle est si rayonnante, surtout lorsqu'on est jeune et loin de chez soi. Mais ils ont su, dans l'ensemble, préserver et parfois même faire briller un peu plus cette image! De ceux qui ont étudié en Algérie, beaucoup d'enseignants universitaires ont généralement aussi pu s'imposer ailleurs. Il en est qui ont même fait les beaux jours d'universités dans cet ailleurs qui ne se limite pas à un seul continent mais concerne tous les continents dans leur ensemble. Sait-on seulement que, au moment où sont rédigées ces lignes, des universités sont en train de se passer le mot pour recruter les Algériens''' Sait-on seulement combien de délégations se déplacent en Algérie, chaque année, pour des interviews avec les enseignants algériens' Dieu' Qu'aurions-nous pu faire donc avec toutes ces ressources, avec tout ce souffle, avec toute cette volonté et cette incroyable ambition dont la seule attente était d'exploser pour le bien du pays!«Disqualifiante» jusqu'à l'extrême, l'université de nos jours a poussé tout le monde au départ alors qu'elle était qualifiante, au contraire, jusqu'à des limites que l'on ne soupçonnait pas. L'incompétence de ceux qui ont eu la charge de ce secteur depuis la fin des années 1980 a été une catastrophe nationale, un terrible crime contre les Algériens. Une insulte à l'avenir de ce pays, un manque de respect à l'égard de son peuple! Certains se sentent frustrés chaque fois que nous écrivons à propos de l'Université.D'autres prennent cela pour des attaques personnelles. Nous aurions aimé que cela se passe autrement.Qu'ils saisissent tout simplement, ne serait-ce qu'une fois, que cette université appartient au peuple et qu'il n'appartient à personne de se l'approprier, surtout lorsqu'on n'est pas capable de la faire avancer ou lorsqu'on n'a que la possibilité de la pousser dans le fond du gouffre comme c'est, malheureusement, le cas!




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