Algérie

L?été 62



Comme (pas) prévu, le feuilleton soporifique qui a alimenté un été difficile, Abdesselam contre Touati et le reste du monde, a été remplacé à la dernière minute par un autre débat, plus sérieux, centré autour de la personnalité particulière du général Lamari, qui vient de mourir d?un arrêt du c?ur. S?il ne faut pas parler des morts, on peut se permettre par contre de parler du système que le défunt a, entre autres, contribué à perpétuer, voire à installer. Comme dans tout débat sérieux, les intervenants sont au nombre de deux. D?un côté, tous ceux qui estiment d?une manière générale que les services algériens ont rendu d?immenses services à l?Algérie et qui sont déjà prêts à décerner le prix Nobel de la paix au défunt. Les autres, plus discrets sur la scène médiatico-politique mais tout aussi bavards dans les cercles privés, parlent de crimes de guerre et d?inhumanités impardonnables de la part de structures d?Etat. Théorie des coïncidences oblige, c?est Hocine Aït Ahmed qui arrive en cette période particulière, temps troublés par les guerres de succession et les complots silencieux, où tout le monde est mort ou en passe de l?être. Qu?en pense l?une des premières victimes de la police politique ? Aux dernières nouvelles, il a en gros répété ce qu?il a toujours dit. Comme Ali Yahia Abdennour, Ali Benhadj, Bob Marley, Hichem Abboud, Hugo Chavez, Nedjma, Kada et tous ceux qui n?ont pas changé d?avis, constants dans la durée, partisans d?une rupture sérieuse, mais avec le système et les hommes qui tiennent les hommes par la terreur. Celle-ci ne mène à rien. Dans les cafés, les salons de coiffure et les bars du pays, tout le monde a eu peur ces derniers jours et assuré que le général mort, hadj plusieurs fois, était un homme de bien. En privé, chacun dit exactement le contraire. Où est la vérité ? Chacun la connaîtra. Mais une fois mort. D?où le problème.


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