Algérie

L'étau se resserre sur la junte de Nouakchott



Deux mois et demi après le coup d'Etat qui l'a porté au pouvoir,à Nouakchott, la junte militaire mauritanienne est, si l'on excepte la bienveillanteattitude que lui manifestent les autorités marocaines, totalement isoléerégionalement, continentalement et internationalement.

S'il restait quelque espoir au général Mohamed OuldAbdelaziz et aux autres officiers membres de la junte d'imposer une autresolution à la situation créée par leur putsch que celle formulée en tantqu'exigence par l'Union africaine du rétablissement dans ses fonctions duprésident déchu Sidi Ould Cheikh Abdallahi, ils ont déchanté à l'annonce parles Etats-Unis de leur appui ferme à la position de l'Union africaine et derestriction de déplacement contre certains membres de la junte et dugouvernement en exercice.

La décision de Washington conforte la position de l'Union africaine,qui n'exclut pas des sanctions contre le pouvoir usurpateur de Nouakchott. L'Unioneuropéenne est également sur la même longueur d'onde que l'organisationcontinentale africaine. C'est ce que ses représentants diront aujourd'hui auxémissaires de la junte au cours de la rencontre qu'ils ont à Paris.

Le général Mohamed Ould Abdelaziz aurait pu peut-êtrebriser l'isolement international dont son pouvoir est l'objet, s'il n'avait pasfait réprimer brutalement les manifestations pacifiques qui ont eu lieu enopposition à son coup d'Etat et en soutien au président déchu. Le comportementqu'ont eu l'armée et les forces de sécurité mauritaniennes a complètementdiscrédité ses engagements à respecter l'expression démocratique dans le pays.

La France, ancienne puissance colonisatrice de la Mauritanie, chercheraità temporiser la prise de sanctions internationales contre le pouvoir deNouakchott. Paris a pris pour cela «contact» avec le chef de la junte en vue dele convaincre de négocier avec les principaux acteurs politiques mauritaniensune sortie de crise qui respecterait l'exigence internationale du «retour àl'ordre constitutionnel». Les contours d'une possibilité de ce genre ont étérécemment tracés par le président de l'Assemblée mauritanienne, demeuré fidèleau président de la République empêché. Cela consisterait dans le rétablissementpar les militaires de ce dernier dans ses fonctions, qui n'aurait alors d'autretâche que celle de convoquer une élection présidentielle anticipée, dont lapréparation et l'organisation seraient confiées à un gouvernement d'unionnationale.

La marge de manoeuvre de la junte militaire estpratiquement nulle, confrontée qu'elle est à son isolement international et àl'absence d'un soutien populaire massif. Cela d'autant qu'en persistant dansson refus de se conformer aux demandes internationales, elle risque d'attirersur le pays des sanctions autrement plus pénalisantes que celle que vientd'annoncer Washington.

Le ministre de la Communication nommé par la junte a beaufanfaronner que son pays «est suffisamment prospère et qu'une bonne gestion deses moyens propres lui permettrait de se développer sans problème en cas desanctions internationales», il n'y a aucun doute que le peuple mauritanien va êtreconfronté à de mauvais moments si les militaires s'accrochent au pouvoir.




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