Algérie

L'étau se resserre autour de l'Iran


Au-delà des probables incidents militaires qui pourraient avoir lieu, le conflit risque de déstabiliser le marché pétrolier vu la place importante de l’Iran comme producteur et le rôle majeur que joue le détroit d’Ormuz dans le transit pour l’approvisionnement mondial en pétrole. Apparemment, les pays occidentaux ont décidé de passer à l’action sur le terrain économique pour arrêter le programme nucléaire iranien. Pour comprendre les enjeux actuels et la menace de l’Iran de fermer le détroit d’Ormuz afin de se défendre contre les menaces d’embargo, il faut savoir que, selon les statistiques américaines, ce sont pas moins de 2400 pétroliers qui transitent chaque année par le détroit pour un volume quotidien de 17 millions de barils. Plusieurs pays producteurs de pétrole font transiter leurs cargaisons par le détroit d’Ormuz (Iran, Emirats arabes unis, Arabie Saoudite, Koweït, Qatar, Irak...).
En 2008, des experts avaient estimé que si le détroit était fermé, le prix du pétrole pourrait atteindre les 250 dollars le baril. Cette hypothèse est valable dans le cas d’un conflit militaire entre l’Iran et l’Occident qui aboutirait à la fermeture du détroit. Hier encore, le ministre britannique de la Défense, en visite aux Etats-Unis, a réitéré la nécessité, pour les navires de guerre américains et britanniques, de veiller à assurer la circulation dans le détroit. Une réponse directe à la menace de l’Iran de le fermer. Si actuellement, on en est au stade des menaces et de la guerre des mots, il reste que l’embargo sur le pétrole iranien se met en place. L’Europe a déjà pris option et une décision pourrait être prise à la fin du mois, le temps de trouver des alternatives aux achats de brut iranien pour un volume d’environ 450 000 barils par jour. Mais l’Iran pourrait trouver de nouveaux débouchés pour son pétrole, y compris en abaissant les prix et en l’orientant vers des pays qui n’adhèrent pas à l’embargo. C’est ce qui explique que les prix du pétrole n’ont pris que 5 dollars de plus ces jours-ci. La décision qui pourrait faire réussir l’embargo est entre les mains des Américains. En effet, le 31 décembre dernier, alors que le monde entier s’apprêtait à fêter le Nouvel an, le président Obama a signé une loi qui aggrave les sanctions contre l’Iran. Cette loi autorise le président américain à geler les avoirs de toute institution financière étrangère qui commercerait avec la Banque centrale iranienne dans le secteur du pétrole. En clair, cette loi vise, ni plus ni moins, à empêcher l’Iran de vendre son pétrole qui représente 80% de ses exportations (plus de 71 milliards de dollars en 2010). C’est ce qui explique les menaces iraniennes de fermer le détroit d’Ormuz. Le Japon, en vertu de cette loi, a commencé déjà à chercher de nouvelles sources d’approvisionnement pour éviter d’acheter du pétrole iranien et regarde du côté de l’Arabie Saoudite.  La Corée du Sud cherche à obtenir une exemption pour s’approvisionner auprès de l’Iran. L’Iran exporte environ 2,5 millions de barils par jour, principalement vers l’Asie (Chine, Japon, Corée du Sud, Inde) et à un degré moindre vers l’Europe avec 18%. Un embargo sur le pétrole étoufferait l’Iran et déclencherait sûrement un conflit militaire, à moins que les Etats-Unis n’optent pour une application graduelle des sanctions qui entraînerait des troubles en Iran, des troubles destinés à opérer des changements internes et un abandon du programme nucléaire.

 
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