La question de la subvention de l'eau potable revient avec insistance ces derniers mois en raison notamment de la situation de stress hydrique que vit le pays.De nombreux experts estiment que l'eau, si rare et si précieuse qu'elle est dans un pays désertique comme l'Algérie, n'est pas cédée aujourd'hui à sa juste valeur. Certains spécialistes, à l'instar de Brahim Mouhouche, de l'Ecole supérieure d'agronomie, considèrent comme trop bas les prix au mètre cube d'eau appliqués actuellement, conformément au décret exécutif n°05-13 du 9 janvier 2005, fixant les règles de tarification des services publics d'alimentation en eau potable et d'assainissement, ainsi que les tarifs y afférents.
En effet, comme défini par ce décret, le prix du mètre cube d'eau commence à 6 DA pour atteindre les 40 DA selon les catégories. La tarification de l'eau pour les ménages est faite en quatre tranches. Plus le ménage consomme, plus le prix du mètre cube augmente. Ainsi, dans la première tranche, le prix du mètre cube est de 6 DA. Si l'on dépasse les 25 mètres cubes par trimestre, on paiera le mètre cube à 20 DA. La troisième tranche est de 56 m3 à 82 m3. Le mètre cube pour cette tranche est de 34 DA.
Ceux dont la consommation trimestrielle d'eau dépasse les 82 m3 doivent payer le mètre cube à 40 DA. La tarification pour les administrations et les industriels n'est pas loin de celle des ménages. Ainsi, le prix du mètre cube consommé par les administrations, les artisans et les services du secteur tertiaire est fixé à 34 DA, celui des unités industrielles et touristiques à 40 DA.
Cette politique tarifaire coûte beaucoup à l'Etat. Car, le mètre cube à la production revient, selon certaines estimations, à environ 130 DA. La contribution moyenne de l'Etat dans le prix réel d'un mètre cube d'eau potable est de 82%. Les ménages, toutes tranches confondues, restent ceux qui bénéficient de la plus importante des subventions, qui s'élève à 90%. Et la première tranche dite sociale est subventionnée à 95%. La subvention de la troisième tranche est de 74% et celle de la quatrième tranche est 69,6%.
Une simple analyse de ces chiffres démontre que le système tarifaire favorise beaucoup plus les gros consommateurs. Ces gros consommateurs peuvent logiquement supporter des prix au mètre cube beaucoup plus élevés. Les administrations et les artisans bénéficient également d'un prix subventionné à 73%. Les unités industrielles et touristiques profitent, elles aussi, d'une subvention du mètre cube à hauteur de 65%. Un tel niveau de subvention suscite débat, voire même polémique entre ceux qui veulent préserver cet acquis et ceux qui appellent à la lutte contre le gaspillage à travers une tarification plus contraignante.
Pour Brahim Mouhouche, il est injuste de continuer à fixer le mètre cube d'eau à 6 DA. Pour lui et bien d'autres, il est urgent de donner à l'eau sa vraie valeur afin d'inciter toutes les catégories de consommateurs à la préserver. Les appels à la révision de la politique des subventions de sorte à faire payer beaucoup plus cher le mètre cube d'eau aux plus gros consommateurs sont nombreux. Mais le gouvernement, bien qu'il reconnaisse la nécessité de le faire pour notamment des impératifs budgétaires, retarde encore l'ouverture de ce dossier de crainte de réveiller la colère sociale.
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Posté Le : 19/10/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mokrane Ait Ouarabi
Source : www.elwatan.com