Algérie

L’État Social, l’exemple algérien


L’État Social, l’exemple algérien
Publié le 27.06.2024 dans le Quotidien l’Expression

Selon le préambule de la Constitution suisse, «l'image d'un pays se reflète dans le bien-être du plus faible de ses citoyens». Conscients de cette perception, les États veillent à accorder à la question sociale une attention de plus en plus grande car génératrice d'instabilité si insuffisamment prise en charge.
Le fonctionnement de l'État social donne la priorité à l'accès de tous, y compris les plus défavorisés d'entre eux, aux services sociaux de base (éducation, soins de santé, logement, eau potable, transport, sécurité, environnement de qualité). L'accès à l'information et à la culture pour tous fait également partie des objectifs. Une prise en charge spécifique est accordée aux catégories sociales les plus vulnérables, les handicapés, les personnes âgées, les familles monoparentales sans ressources.

Plus généralement, l'État social est une réponse à la question sociale qui se pose avec acuité lorsque la situation économique ne permet pas de créer suffisamment d'emplois et de revenus, garantissant des conditions de vie décente à la population.
Raison pour laquelle le système national de gouvernance veille à assurer un revenu social minimum aux familles, un accès de tous aux biens et services essentiels qu'il subventionne.

Fidèle aux idéaux de la Révolution du 1er Novembre et au programme de la plate-forme de la Soummam, l'État algérien s'est efforcé au fil des ans d'assurer à la population des conditions décentes de vie et de travail.

Actuellement, le défi auquel est confronté le pays est le maintien du pouvoir d'achat des citoyens, compte tenu de l'inflation importée et de la baisse des revenus liés aux exportations des biens et services ainsi que de la nécessité d'accorder plus de ressources à la défense nationale.

Face à ses responsabilités, le gouvernement a élaboré une politique macro-économique qui préserve l'emploi et le pouvoir d'achat des populations avec environ 20% du budget consacré aux transferts sociaux. La lutte contre toute forme de pauvreté est au centre de ces politiques, avec le soutien constant des biens et services de première nécessité, l'allocation chômage et, en perspective, une dotation pour les femmes au foyer, actuellement à l'étude.

De plus, il oriente la gouvernance vers un cadre juridique décentralisé qui favorise un transfert effectif des responsabilités et des moyens correspondant aux collectivités locales, plus proches des besoins sociaux des citoyens, et ce, grâce à une réforme de la fiscalité locale.

Face à l'urgence économique et sociale qui touche tous les pays, la priorité est donnée à la consolidation du système de subventions des produits et services de première nécessité en vue d'assurer en priorité une sécurité alimentaire à tous.

Pour compenser l'érosion continue du pouvoir d'achat causée par la dépréciation du dinar et la libéralisation des prix sur le marché, des ajustements des salaires et des retraites ont lieu périodiquement, même si on ne parle pas encore d'indexation des salaires et des retraites sur le coût de la vie. Le renforcement du secteur d'État et des services publics contribue en même temps à préserver et à améliorer les conditions de vie et de travail des citoyens

L'Algérie, mesure après mesure, a ainsi construit l'édifice d'un État social qui repose sur la protection sociale des familles dans tout le pays, notamment les plus démunies.

Les expériences d'État social, dénommé «Welfare State» dans la littérature anglo-saxonne» et «État providence» dans sa traduction francophone, montrent bien que la protection sociale ne dure et ne se développe qu'avec la participation des citoyens, engagés au service du pays en contrepartie de la sécurité que l'État leur procure. A cet effet, l'État social se décentralise et renforce la gestion participative, en établissant des mécanismes de consultation de la population.

Pour compenser le manque de ressources, il incite en même temps l'administration locale à promouvoir des partenariats avec la société civile, notamment avec les mouvements associatifs. Avec l'implication de la société civile, dans l'élaboration des politiques sociales et leur mise en oeuvre, il y a un surcroît d'énergie qui se déclenche. Les citoyens, d'objets ils deviennent sujets; de passifs, ils deviennent actifs.

Le modèle d'État social qui se construit et se développe ainsi en Algérie peut inspirer d'autres pays soucieux d'élargir leur base populaire et d'assurer leur stabilité. Il peut aussi servir notre diplomatie à promouvoir des coopérations décentralisées dans ce domaine et à véhiculer l'image d'un pays progressiste dans le domaine social.
*Expert international
Mohand Amokrane Cherifi