Algérie

«L'Etat ne veut pas autoriser les bureaux de change par pure incompétence» Abdelhak Lamiri. Economiste



«L'Etat ne veut pas autoriser les bureaux de change par pure incompétence»                                    Abdelhak Lamiri. Economiste
- Pourquoi, selon vous, l'Etat ne veut pas autoriser l'ouverture des bureaux de change de devises '

Tout simplement par pure incompétence. Tous les pays qui avancent économiquement ont des bureaux de change. Je cite les cas de la Tunisie, qui est un pays voisin, mais aussi de la Turquie. La loi le permet et des tentatives avec le privé ont eu lieu il y a quelques années, mais elles n'ont pas fait long feu. Les conditions imposées étaient impossibles à réunir avec l'obligation d'enregistrer l'identité des clients, un taux de commission assez bas, etc., ce qui a fait que l'opération a vite échoué.

- Certains affirment qu'en cas où ils seraient légalisés, ces bureaux vont grignoter sur les réserves de l'Etat. Est-ce le cas '

Pas du tout. L'Etat peut décider de garder les réserves de la Banque centrale uniquement pour les dépenses publiques. Le marché de la devise peut fonctionner sans les ressources de Sonatrach. La libération de ce secteur va permettre aux grandes sociétés étrangères de vendre une partie de leur devise à hauteur de 30 à 40%. En tout état de cause, l'activité des bureaux de change n'a aucune incidence sur les réserves de l'Etat.

- Qu'est-ce qui empêche alors leur ouverture '

C'est le mode de fonctionnement imposé par la loi. Le taux de change prévu par celle-ci ne permet aucun gain. N'oubliez pas qu'il s'agit d'une activité commerciale comme une autre. Si elle n'est pas rentable, elle n'a pas lieu d'exister'

- Est-il vrai que les marchés informels de la devise sont une des raisons de la hausse de l'inflation '

Là aussi, je démens catégoriquement. L'inflation a augmenté parce que l'Etat a revu à la hausse les salaires sans qu'il y ait une productivité conséquente en parallèle.

- Pensez-vous que l'ouverture de ces bureaux de change puisse avoir des incidences sur le marché '

Pas du tout. Bien au contraire, cela permettra de diminuer la bureaucratie, les lenteurs administratives et les blocages. N'oubliez pas qu'il y a des citoyens qui ont besoin d'acheter de la devise pour faire du tourisme, aller se soigner à l'étranger, ou tout simplement assurer le paiement des études de leurs enfants scolarisés ailleurs qu'en Algérie. C'est pour ces gens que l'Etat doit trouver une solution, les grandes opérations de commerce extérieur restent évidement du ressort des banques.


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