Les subventions font profiter 50% de la population de 95% des subventions implicites et explicites accordées par l'Etat.L'ancien ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou, est revenu hier, lors d'un débat organisé par le forum de Liberté, sur la question des subventions, un sujet qu'il qualifie de sensible et sur lequel il dit vouloir interpeller beaucoup plus les citoyens que le gouvernement. L'éminent économiste a indiqué, en effet, qu'il est impérativement nécessaire, aujourd'hui, de faire un effort de pédagogie pour «expliquer aux citoyens la situation actuelle des subventions, sans leur faire peur». Pour lui, il n'est pas question de remettre en cause, du jour au lendemain, toute la politique de subventions de l'Etat, mais de sortir progressivement de cette situation qui fait profiter 50% de la population de 95% des subventions implicites et explicites accordées par l'Etat. Selon lui, les subventions d'origine budgétaire et celles provenant des entreprises, notamment Sonatrach et Sonelgaz (carburants, gaz et électricité), représentent 23,6% du PIB national. En valeur, ces subventions coûtent à l'Etat plus de 3800 milliards de dinars, l'équivalent de toute la fiscalité pétrolière récoltée chaque année.Qualifiant le système de subventions algérien de «source d'une injustice sociale et territoriale colossale», le professeur Benachenhou a affirmé que l'action sociale de l'Etat ne va pas aux couches sociales qui le méritent, en ce sens que c'est la moitié de la population, celle du nord du pays notamment, qui en profite le plus. Il en veut pour preuve le fait que 40% des véhicules ? qui roulent avec du carburant subventionné ? circulent autour d'Alger et que le logement social subventionné continue à être construit dans les grandes agglomérations.A ce propos, M. Benachenhou a affirmé que l'aide frontale au logement coûte à l'Etat chaque année 130 milliards de dinars, ce qui représente l'aide accordée à l'acquisition d'équipements agricoles sur 10 années. Au plan économique, cette politique de «non-sens économique» ne sert nullement les intérêts du pays, puisque l'Etat dépense 11 fois plus pour l'action sociale que pour l'entreprise qui ne bénéficie que 2% du PIB, a-t-il encore expliqué. En plus du fait que cette même politique a «perverti les relations du travail» en encourageant la non-productivité des travailleurs, l'ancien ministre des Finances a indiqué que la consommation subventionnée du gaz et du pétrole, dont le taux de croissance ne cesse d'augmenter, «conduira dans une dizaine d'années à l'épuisement du surplus exportable».Quelle serait donc la solution ' Selon lui, il faudrait entamer une sortie graduelle, sélective et territoriale de ces subventions «en luttant contre l'augmentation des prix et contre l'inflation» et la lutte contre l'inflation doit se faire par «l'augmentation de la production agricole», a-t-il indiqué. Tout en appelant à promouvoir une économie concurrentielle, le professeur Benachenhou n'a manqué de rappeler la nécessité de combattre les «pratiques de prédation inacceptables et les surfacturations qui influent sur les prix». Pour lui, si l'Etat parvient à assurer «un bon système éducatif et un bon système de santé», le citoyen n'aura plus besoin de subventions.
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Posté Le : 14/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Lyes Mechti
Source : www.elwatan.com