Algérie

L'Etat ignore les causes et s'attaque aux effets


L'Etat ignore les causes et s'attaque aux effets
El Tarf, wilaya frontalière au fin fond du pays, rurale, vivotant de l'agriculture où dominent l'élevage extensif en forêt, les services publics et l'administration, où les unités industrielles, PME-PMI, se comptent sur les doigts d'une main et foudroyée par le chômage, va définitivement basculer dans l'économie informelle, la circulation et le blanchiment de l'argent sale, les trafics en tous genres dont la contrebande.Sans l'ombre d'un doute, le tour de vis supplémentaire qui vient d'être donné à ce que les autorités locales et nationales se plaisent à nommer «mesures anti-contrebande» risque, selon de nombreux opérateurs, de livrer, aux lois des mafias de l'économie informelle, la wilaya frontalière dans un premier temps, puis ses voisines par extension des activités illégales.Une réunion à l'initiative du président de la Chambre de commerce et de l'industrie d'El Tarf, Dine Mohamed Ali, à laquelle a assisté Boulenouar Hadj Tahar, président de l'Union générale des commerçants et artisants algériens, s'est tenue mercredi avec des commerçants, des opérateurs économiques et des chefs d'entreprises.Conclusion : l'entêtement des pouvoirs publics à chercher à lutter contre la contrebande par des mesures administratives va transformer la région, relativement épargnée si on la compare à ses semblables à l'ouest du pays, en territoire de non-droit avec la population otage des trafiquants et de leurs commanditaires, les barons de l'informel et leur armée d'importateurs à qui la loi de finances pour 2015 vient d'accorder une place honorable dans l'économie nationale.Le phénomène n'a pas reculé d'un iotaLa mise en application d'un nouvel arrêté fixant la liste des marchandises soumises à l'obligation de circuler relevant des Douanes algériennes et la préparation en cours d'un nouvel arrêté du wali d'El Tarf sur le rationnement des carburants montrent que les autorités ne tirent aucune leçon des expériences et de l'application des mesures édictées.Limiter la circulation des marchandises en ciblant les commerçants et les transporteurs et en rationnant le carburant en surveillant les stations-service n'a pas fait reculer d'un iota la contrebande. Au contraire, tout donne à croire qu'à chaque cran de mesures administratives, un nouvel élan est donné à la contrebande et à ses prolongements que sont le marché informel et les importations qui l'approvisionnent. On en veut pour preuve la place faite aux importations dans la LCF 2014.Dans cette lutte administrative contre la saignée économique par nos frontières, les contrebandiers ne sont pas inquiétés du tout et «travaillent à l'aise». D'ailleurs, chômage de luxe aidant, ils prolifèrent et les affaires de justice les concernant sont quasi inexistantes. Cette guerre seulement déclarée fait pourtant des victimes innocentes : les citoyens consommateurs sur lesquels se répercutent tous les frais supplémentaires et les désagréments qu'engendrent ces nouvelles mesures.Croire que les autorités ignorent les véritables causes de la contrebande serait faire preuve de naïveté ou d'angélisme, a-t-il été encore expliqué lors de la réunion, où il ne fait pas de doute qu'on ne peut y venir à bout sans une décision politique forte, la suppression des prix subventionnés et l'éradication de l'informel par la filtration des importations, équivalant à la lutte contre le terrorisme.Le pouvoir est aujourd'hui aux mains des puissances de l'argent qui se sont constituées sur la rente de la manne pétrolière. Ces mêmes puissances qui se nourrissent de la contrebande. L'Etat en tant que tel est incapable d'en venir à bout et il ne lui reste qu'à faire dans les apparences. Montrer qu'il a pris des mesures là où elles sont le plus visibles et les plus contraignantes : dans le pénible quotidien des Algériens.


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