Connu pour son franc-parler, Akli Moussouni, expert en agronomie et fin analyste des questions économiques, n'hésite pas à exprimer publiquement ses points de vue. La colère des bénéficiaires des crédits Ansej et Cnac l'interpelle à plus d'un titre. Dans ce bref entretien il décrypte la question et propose des solutions.L'Expression: Les bénéficiaires des dispositifs Ansej et Cnac reviennent à la charge pour réclamer l'effacement de leurs dettes. Ils ont récemment manifesté à Bouira et à Tizi Ouzou. Est-ce que cette action est spontanée ou réfléchie'
Akli Moussouni: Je pense que cette action est dictée par la traditionnelle revendication de l'effacement des dettes exprimée par les agriculteurs et les pêcheurs.
Ces bénéficiaires-là affirment qu'ils trouvent des difficultés énormes, en raison de la crise économique que connaît le pays, à écouler leurs produits. En d'autres termes, ils ne travaillent plus. Cette raison est-elle valable pour réclamer l'effacement des dettes'
Le motif exposé par ces jeunes est dans bien des cas justes, mais il faut se rendre à l'évidence que c'est le dispositif en lui-même qui pose problème au même titre que les crédits agricoles dans le cadre du Pnda (Programme national de développement de l'agriculteur). Ils posent le problème de par la logique d'attribution des finances à travers des agrégats dispersés pour lesquels on n'a jamais construit un marché sécurisant pour leurs produits
Vous sous-entendez que le gouvernement s'est trompé sur toute la ligne'
Ces jeunes devaient être formés et informés par rapport à leurs activités. Ce qui n'a pas été le cas. Par ailleurs, ils devaient être impliqués dans une planification pour les engager sur des objectifs économiques; ce qui n'a pas été le cas aussi, ceci d'une part. De l'autre, les dispositifs Ansej et Cnac ne s'inscrivent dans aucune logique connue de construction de filières. Ils ne peuvent être que contre-productifs.
Leur caractère populiste l'emporte largement sur une démarche d'offre d'emplois durables. Ce qui a vite montré leurs limites.
L'implication de ces jeunes dans l'économie du pays ne peut se faire à travers un contexte de non-économie qui n'a épargné aucun secteur ni aucune couche sociale. Il y a donc lieu de faire appel au bon sens pour exploiter le potentiel humain du pays à travers un programme de diversification de l'économie où chaque partie peut intervenir en fonction de ses possibilités.
Donc si j'ai bien compris votre réponse, le gouvernement a intérêt à abandonner à l'avenir ces crédits'
Le gouvernement doit abandonner tous les dispositifs qui ont montré leurs limites.
Selon vous, quelle est la formule idéale qui doit être adoptée par le gouvernement en faveur de ces jeunes en termes de crédits'
Pourquoi voulez-vous traiter la problématique des jeunes uniquement par des crédits bancaires!!!! Du fait que dans ces dispositifs il n'y a que l'Etat qui investit! Il faut se poser donc la question pourquoi l'Etat n'investit qu'à travers des mécanismes inopérants alors qu'il y a d'autres pistes salutaires aussi bien pour ces jeunes que pour le Trésor public. La contrainte de la dépendance du pays par rapport à tout ce que nous consommons est un axe de réflexion qu'il y a lieu d'exploiter pour impliquer toutes les potentialités du pays. Ce qui va générer un élan sans précédent où les jeunes et les moins jeunes trouveront leurs comptes.
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Posté Le : 02/04/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Madjid
Source : www.lexpressiondz.com