Algérie

“L’état de la Mauritanie nous inquiète”



“L’état de la Mauritanie nous inquiète”
L’après-coup d’État intervenu en Mauritanie, 15 mois après une présidentielle saluée comme un modèle démocratique pour l’Afrique et le monde arabe, interpelle tout le monde, particulièrement les Sahraouis. La situation du voisin inquiète ces derniers. Pour Baba Sayed, la déstabilisation de ce pays profiterait au “Maroc expansionniste”, qui n’a toujours pas admis l’indépendance de la Mauritanie et qui occupe illégalement le territoire non autonome du Sahara occidental. Le Maroc, suggère le chercheur sahraoui, veut obliger la Mauritanie à se mettre sous son “aile protectrice”, pour prouver aux puissances occidentales que les “beïdanes”, qu’ils soient Mauritaniens ou Sahraouis, ne sont pas faits pour bâtir ou pour diriger des États.Pour de multiples et nombreuses raisons, qu’il serait fastidieux d’énumérer ou de recenser ici, tout ce qui se passe chez nos frères et voisins mauritaniens ne nous laisse et ne peut nous laisser insensibles ou indifférents. C’est dire que les récents évènements survenus, lors des dernières semaines à Nouakchott, et qui ont abouti au changement de régime, ont constitué au plus haut point pour nous, Sahraouis, de sérieuses et légitimes inquiétudes. Comment peut-il en être autrement alors que nous sommes en permanence exposés, les uns comme les autres, de la part du royaume du Maroc et de bien d’autres puissances d’outre-mer, à de grands et graves défis qui, à défaut de ne pas y prêter toute l’attention requise, peuvent mettre en danger, à chaque instant, jusqu’à nos existences ? Le peuple sahraoui a la plus grande et importante frontière avec la Mauritanie. Au cours des siècles — c’est une donnée qui participe de l’évidence —, il a réussi à tisser avec elle de solides liens d’amitié et de bon voisinage, qui ont été largement facilités, il est vrai, par le fait qu’en plus des multiples liens sociaux et linguistiques de tous les peuples de la région, nous sommes les deux seuls peuples à avoir en partage “la culture beïdane”. Mais il est tout aussi vrai qu’à côté de ces liens d’amitié et de fraternité indéniables, nous avons à gérer en commun, depuis les trois dernières décennies, une histoire qui n’a pas toujours été sans (petites) histoires. En effet, le peuple sahraoui n’a pas et ne peut pas oublier qu’en 1975, alors qu’il fondait de grands espoirs sur son aide et son assistance, la Mauritanie a trahi sa confiance et lui a tourné le dos. Elle a été partie prenante, avec le Maroc et l’Espagne, des accords tripartites de Madrid, de sinistre mémoire, aux termes desquels les Sahraouis ont été divisés comme un troupeau de moutons, leur territoire dépecé et leurs richesses pillées.  En se faisant la coupable complice de nos pires ennemis, la Mauritanie nous a porté un coup de poignard dans le dos, dont nous ressentons encore profondément la douleur. En décidant d’apporter son concours au Maroc, dans son entreprise de génocide et de conquête militaire de notre pays, la Mauritanie nous a lamentablement déçus. Elle a incontestablement, par son geste inconsidéré, altéré nos rapports et porté un grand préjudice à la solidité et à la qualité de nos relations. Conscientes de la nécessité de ne pas insulter l’avenir et de ne pas rester prisonnières, ad vitam aeternam, de ce lourd passif, les directions des deux pays se sont attelées à la tâche ardue de rétablir la confiance entre les deux peuples. Les dirigeants mauritaniens n’ont ménagé ni leur temps ni leurs forces pour nous aider à oublier les séquelles traumatisantes de ce passé qui, pourquoi ne pas le reconnaître, a de la difficulté à passer. Quelques années après la signature desdits accords tripartites de Madrid, par la Mauritanie, et son entrée officielle en guerre aux côtés du Maroc, contre son voisin et frère sahraoui, des dirigeants mauritaniens, qui ont eu tout le loisir de mesurer la gravité de l’erreur néfaste commise par leur gouvernement, et qui ont pris conscience des graves et lourdes conséquences sur les plans social, politique, militaire, économique et stratégique, qu’une telle erreur a engendrées pour leur propre pays, ont décidé de sauver leur pays d’un désastre annoncé.


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