Algérie

L'état d'urgence en vigueur depuis 1992 : Un alibi pour violer les libertés individuelles



Les libertés individuelles et la vie privée des Algériens n'auront, désormais, qu'une existence virtuelle et elles ne seront mentionnées que dans des textes de loi qui ne seront jamais respectés. Après avoir mis au placard les droits politiques, qui sont pourtant consacrés par la Constitution, le pouvoir s'apprête à enterrer définitivement les libertés individuelles. A la faveur d'un état d'urgence extensible et indéfini dans le temps, le principe fondamental de la protection des libertés individuelles risque d'être anéanti par les nouvelles procédures exigées pour l'obtention d'un passeport et d'une carte d'identité biométriques.Rejet citoyenEn effet, les questions auxquelles les citoyens sont obligés de répondre aujourd'hui pour obtenir lesdits documents sont considérées par ceux-ci comme une violation de leur vie privée. « Les autorités algériennes, en particulier le Premier ministre, se sont plaints des procédures de vérification imposées aux Algériens désireux de se rendre aux USA. Je pense que les dénuder au scanner comme le font les USA et consorts, ou à la plume à travers l'innommable questionnaire établi et imposé aux citoyens désireux d'avoir un passeport, c'est du pareil au même ! », dénonce un citoyen, qui a adressé un courrier électronique à notre journal pour critiquer l'intrusion dans la vie privée des Algériens à travers la fenêtre du passeport biométrique. Des exemples de ce genre se comptent par milliers, voire en millions. Mais cette opposition citoyenne ne risque, sans nul doute, pas d'être écoutée par un pouvoir qui, tel un rouleau compresseur, passe sur tout ce qui s'apparente à une volonté d'émancipation populaire. Il est aidé, dans sa tâche, par l'alibi de l'état d'urgence maintenu illégalement depuis 18 ans. Décrétée, le 9 février 1992, cette situation d'exception n'a jamais fait l'objet d'une reconduction légale à travers un texte de loi voté par le Parlement comme l'exigent les conventions internationales, ratifiées et signées par l'Algérie. Il est fait sciemment.Sachant pertinemment que le maintien de l'état d'urgence ne repose pas sur des arguments convaincants, les autorités évitent de passer par des voies légales, de peur d'être déjugées par les parlementaires. Même si cette éventualité ne risque pas de se produire, d'autant plus que l'institution législative obéit totalement à l'Exécutif. Le pouvoir se retrouve donc dans une situation confortable, pour continuer à mater l'opposition, les syndicalistes et les militants des droits de l'homme. En plus de la fermeture du jeu politique, le pouvoir recourt même au noyautage des partis et des organisations qui lui tiennent tête pour les affaiblir et les éliminer par la suite. « L'état d'urgence est utilisé pour élimer l'opposition et mettre un terme à la séparation des pouvoirs. Le tout dans l'illégalité la plus totale », commente Boudjemâa Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH).Toujours au nom de l'état d'urgence, le pouvoir interdit les rassemblements et les marches, avant de passer à une nouvelle étape : celle de la violation des libertés individuelles. Les principes de la liberté d'expression, la liberté de conscience, la vie privée des gens' et tous les droits reconnus sont aujourd'hui bafoués. « Le maintien de cette situation est un faux-fuyant pour contrôler la société. Le pouvoir n'a jamais accepté l'émancipation et l'ouverture intervenues suite aux événement d'Octobre 1988 », précise encore Boudjemâa Ghechir.


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