Algérie

L'Etat confiné à une gestion en catastrophe A défaut d'une démarche proactive


L'Etat confiné à une gestion en catastrophe A défaut d'une démarche proactive
L'année 2011 avec toutes les largesses du gouvernement n'a finalement pas eu raison du malaise et du climat de tension qui règnent dans le pays. Les dernières intempéries et les dégâts occasionnés dans beaucoup de régions où des habitants se sont retrouvés coupés du monde, dépourvus du minimum vital, ont ravivé la colère d'une population en mal de patience.
Dans la capitale notamment, plusieurs quartiers (El Harrach, Saoula, Kherraissia') ont connu une fin de semaine mouvementée, avec des routes bloquées par citoyens, des pneus brûlés, des automobilistes empêchés de circuler; les défauts d'approvisionnement en gaz butane, en pain et en lait excédant des habitants qui devaient déjà faire face à une inflation galopante depuis le début de l'année.Ces pénuries conjoncturelles ne sont pourtant que la goutte qui a fait déborder le vase, à en croire certains citoyens. «On n'en a marre», s'écrie Fateh, habitant de la commune de Kherraissia, en expliquant que «les gens ne peuvent plus supporter la négligence de l'Etat et les responsables qui ne font pas leur travail». Selon lui, «ils sont en train de pousser les gens à bout».
Depuis les émeutes de janvier 2011, les poches de contestation se sont multipliées à travers le territoire pour des motifs aussi divers que le logement, l'emploi, la pauvreté' .
Les mesures prises par le gouvernement au lendemain de ces événements ont constitué une réponse immédiate à une situation d'urgence et en dépit des dépenses publiques faramineuses qui sont consenties annuellement par l'Etat, l'impression du citoyen que rien n'a été fait, prime chaque fois que des circonstances particulières (intempéries, catastrophes naturelles, crise économique mondiale, etc.) surgissent. Et pour cause.
L'Etat a consacré près de 300 milliards de dinars à la subvention des produits de première nécessité l'année dernière, pourtant la hausse récurrente des prix des autres produits de consommation comme les légumes ou les viandes fait passer cet effort au second plan.Près de 11 milliards de dollars ont été déboursés pour construire l'autoroute Est-Ouest, mais l'état exécrable des routes suggère un manque flagrant de prise en charge en la matière de la part des responsables des travaux publics. De même, les chiffres officiels indiquent que plus de 1,5 million de logements ont été construits, mais le nombre de personnes qui n'ont en pas bénéficié alors qu'elles sont en attente depuis des années, laisse penser que l'Etat fait peu ou pas assez.
Défaut d'anticipation
Les récentes intempéries ont révélé que l'Etat (qui ne peut évidemment pas empêcher les aléas météorologiques) est toujours dans une logique de réaction lente, donnant souvent l'impression d'être pris de court, même si les expériences récentes ont montré que le pays n'est pas à l'abri. «On n'est pas aptes pour être proactifs, ni pour réagir en temps réel. On réagit trop et pas assez», explique Nasser Bouyahiaoui, professeur d'économie. L'Etat à travers ses relais, les communes, les daïras, wilayas peut faire face à ces événements, à condition de savoir «comment s'organiser et anticiper».
Les vulnérabilités démontrées en matière de gestion de ce type de perturbations sont également transposables à d'autres domaines, car si les périodes de crise ont tendance à renseigner sur la nature de la gestion globale du pays. Il en est ainsi de la gestion économique qui semble ne tenir compte que de la seule évolution du marché pétrolier. La crise financière de 2008 qui a impacté les prix du pétrole avait poussé le gouvernement à pondre dans l'urgence des mesures restreignant les importations, mais dont l'effet à été contraire.
L'impression de l'inefficacité ou de l'insuffisance de l'action de l'Etat est exacerbée par l'ampleur des chiffres qui sont annoncés par les responsables sur les efforts en matière d'investissement public ainsi que sur la bonne santé financière du pays, désormais à l'abri de l'endettement international et dont les réserves de change peuvent assurer plus de trois ans d'importation. Or, comme le note M. Bouyahiaoui, «il y a de la croissance, mais il n'y a pas de développement, on annonce beaucoup d'argent dépensé, mais le citoyen ne le voit pas sur le terrain, il y a eu des augmentations des salaires qui coûtent au Trésor public 350 milliards de dinars, mais à côté, il y a une hausse des prix. Tout cela crée une frustration chez le citoyen qui ne croit plus les promesses qui lui sont faites».
Pour le professeur Bouyahiaoui, il y a nécessité de créer un centre de prospective économique qui permettrait de «déterminer où sont les vulnérabilités et les faiblesses du pays afin de ne pas faire les mêmes erreurs, car du point de vue économique et stratégique, les erreurs sont les mêmes».Au final, le problème est un problème de «diagnostic, d'analyse et de prise de décision, qui fait que ce qui est conjoncturel ailleurs, devient structurel chez nous», pour le professeur Bouyahiaoui qui met en avant «un manque de veille et d'anticipation et des réactions dictées par les aléas».
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