Algérie

L'Etat c'est moi ; l'opinion c'est moi



L'Etat c'est moi ; l'opinion c'est moi
L'entrée en action des forces françaises au Mali n'a pas donné lieu à débat. Nulle part ; pas au Mali, pas en France, pas en Afrique, pas en Europe... pas dans le reste du monde.
Il n'y a qu'en Algérie que la question de l'opportunité de cette intervention a quelque peu fait polémique. Pas parmi les 'forces" politiques ; celles-ci ont l'habitude de ne pas se prononcer avant de connaître la décision du pouvoir. Elles sont juste prises de court : en attendant d'intégrer 'la migration" de la position officielle de 'la solution politique" vers 'la solution militaire", elles se taisent donc. Mais parmi la vox populi, qui continue à s'interroger sur la réelle position de nos dirigeants.
Comme le pouvoir algérien ne communique pas, il prend toujours de court ses affidés politiques. Le Printemps arabe avait déjà donné lieu à ce genre de gymnastique politique. Notre diplomatie fait de la résistance, avant même que les évènements n'infléchissent ses positions et, qu'ensuite, la chorale de ce qui nous tient lieu de classe politique n'adapte son discours au réalisme retrouvé de nos autorités officielles.
Une heure avant que les avions français ne commencent à transiter par l'espace aérien algérien, personne, chez nous, n'aurait parié sur cette concession touchant au sacro-saint principe d'inviolabilité de la souveraineté territoriale, à l'armée de l'ancienne puissance coloniale, qui plus est. Non pas parce qu'il était inconcevable de banaliser les relations avec l'Etat français, mais parce ce que ce genre de tabou a une précieuse fonction politique interne : le pouvoir, qui puise une part de sa légitimité en ce qu'il est le dépositaire du message et des acquis de la Révolution, se présente comme seul garant d'une souveraineté indéfiniment menacée. Alors, même lorsque nos dirigeants ont jugé qu'il était de l'intérêt de notre sécurité de faciliter la riposte par procuration contre l'invasion terroriste de ce qui restait sous contrôle de l'Etat du territoire malien, ce sont les Algériens qu'ils ont surpris en premier.
Au-delà des circonstances politiques, qui semblent imposer une coordination politico-militaire entre les deux Etats, l'usage politicien de la relation algéro-française semble poser un vrai problème de communication à notre pouvoir. Il n'arrive pas à trouver 'les éléments de langage", comme l'on dit aujourd'hui, qui lui permettraient d'entretenir l'argument anticolonial de sa légitimité, tout en assumant la coopération politique, économique, sécuritaire et... militaire, que leurs intérêts nationaux imposent aux deux pays. En particulier, la coopération que commande la lutte contre un terrorisme islamiste qui nous éprouve depuis vingt ans, et qui frappe, parfois, la France, depuis autant de temps.
Alors que les deux présidents et les deux ministres des Affaires étrangères se consultent en temps réel, nous en sommes à nous faire notre propre idée sur le sens et les conséquences d'une guerre bien engagée, sans que nous disposions d'une position officielle de l'Etat algérien. Et en prenant connaissance de ses initiatives par la communication des Etats partenaires.
Tout se passe comme si le pouvoir refusait de se contenter de sa prérogative : la décision. Et qu'il lui fallait, encore, le monopole de l'opinion. D'où sa conviction, quant à l'inutilité de communiquer.
M H
musthammouche@yahoo.fr


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