Algérie

L'Etat au secours de certains journaux privés et des imprimeries


Une première depuis la naissance de la presse privée en Algérie, au début des années 1990 : le gouvernement va éponger les dettes de certains journaux privés. C'est ce qu'a annoncé, mercredi dernier, le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza. La décision porte, indique-t-il, « sur l'assainissement des dettes de certains éditeurs privés, estimées à 2,5 milliards de dinars et des entreprises d'impression, évaluées à 1,5 milliard de dinars ». Intervenant à l'issue des travaux d'une rencontre d'étude sur le redressement des entreprises de communication, Abderrachid Boukerzaza ne précise ni le nombre ni les noms des organes de presse concernés par cette décision. « Il faut appliquer désormais les règles commerciales dans les transactions, afin de limiter l'intervention de l'Etat », déclare-t-il en mettant l'accent sur « la nécessité de favoriser l'émergence d'une presse écrite porteuse des messages du développement de l'Etat algérien qui soutient la presse nationale en général ».Cette décision résoudra-t-elle les nombreux problèmes dans lesquels se débattent la plupart des titres de la presse nationale ' Quel est le but visé à travers cette mesure ' Selon Brahim Brahimi, enseignant chercheur, spécialiste de la presse écrite et auteur de plusieurs ouvrages sur la presse, « la décision ne réglera jamais le problème ». « La décision ne sera pas favorable à l'émergence d'une presse de qualité », affirme-t-il. Notre interlocuteur relève l'absence de volonté chez les pouvoirs publics de gérer, dans la transparence, les aides indirectes à la presse. « Nous avons proposé 8 à 9 articles à introduire dans le code de l'information de 1990 pour clarifier la gestion des aides indirectes de l'Etat aux journaux. Malheureusement, ces articles ont été rejetés », affirme-t-il. « Ils (les pouvoirs publics) veulent maintenir les journaux sous leur joug. » « Mis à part 5 à 6 journaux qui échappent à toute influence, tous les autres titres sont sous influence des forces occultes et font l'objet de chantages en tout genre. Il y a au moins 40 titres qui tirent à moins de 10 000 exemplaires, dont on ne connaît pas les propriétaires », explique-t-il. La solution, ajoute-t-il, est la mise en place d'une commission neutre qui sera chargée, à la fois, de la gestion des aides indirectes et directes. « Ce n'est pas parce qu'un journal n'a pas de publicité qu'il faut l'aider. La presse doit fournir des efforts et mettre un terme à la médiocrité », enchaîne-t-il, en mettant en garde contre l'emprise des forces occultes et l'argent sur la presse.Réorganisation du secteur publicEvoquant la question de la distribution et de la publicité, Abderrachid Boukerzaza estime qu'« il n'y a pas de monopole de la publicité par la presse publique. L'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep) accorde, dit-t-il, 75 % de la matière publicitaire aux titres privés ». Le ministre réaffirme la disponibilité de l'Etat à soutenir toute initiative visant à faciliter la distribution des journaux. Par ailleurs, le premier responsable du secteur est revenu sur la révision du statut juridique des journaux publics qui seront transformés en entreprises économiques. Il a regretté, dans le même contexte, le bilan négatif des titres publics. S'agissant de la question des créances des établissements publics d'information, notamment les imprimeries et l'Anep, le ministre rappelle l'instruction donnée par le chef du gouvernement qui vise à permettre à ces entreprises de recouvrer leurs créances, estimées à des milliards de dinars, et ce, avant la fin de l'année en cours. Le ministère de la Communication, ajoute-t-il, « prépare un nouveau plan basé essentiellement sur la stratégie de groupe ».Un plan consistant à regrouper les entreprises d'impression dans un même ensemble, de même pour les radios et la télévision. La naissance du premier groupe d'impression a eu lieu jeudi dernier, après la signature par cinq entreprises de contrats de performance. Un ensemble regroupant les sociétés d'impression de l'Est et de l'Ouest, plus l'Enag et l'Enap. « Ces établissements doivent être des entreprises publiques à part entière en mesure de faire valoir les règles commerciales », insiste le ministre.
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