Algérie

L'esquisse d'un nouveau monde


Abdelkader Messahel, le chef de la diplomatie algérienneLe ministre des Affaires étrangères a souligné que «l'exercice de la liberté de culte «ne doit pas, non plus, servir de vecteur et de motif d'interférence étrangère dans les affaires intérieures des Etats».
L'avertissement du chef de la diplomatie algérienne, sera-t-il pris en compte par les participants à la Conférence ministérielle sur les libertés religieuses dont les travaux ont été clôturés jeudi dernier à Washington' L'histoire retiendra que le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, aura quand même essayé d'y mettre du sien pour tempérer une terrible mécanique qui semble se mettre en place. Les Américains nous livrent la première esquisse de ce que seront les relations internationales durant ce IIIème millénaire. Les enjeux internationaux seront à forte teneur religieuse. Tout a été dit d'ailleurs dans la déclaration du secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, avant-hier, affirmant que les Etats-Unis s'engageaient à promouvoir la liberté religieuse, annonçant dans la foulée un plan d'action prévoyant des moyens concrets pour protéger la liberté de culte et les minorités religieuses vulnérables. Le responsable américain cite la Déclaration de Potomac et le Plan d'action de Potomac. Ces documents réaffirment l'engagement «inébranlable des Etats-Unis à promouvoir et à défendre la liberté de religion». Il y a fort à craindre qu'on aboutisse à une espèce de «foi héliportée» comme cela a été le cas pour la démocratie. Ce qu'a fait dire au ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel que «la religion ne doit pas devenir une ligne de rupture et un espace de confrontation entre les individus et entre les peuples, comme le veulent les idéologues de l'extrémisme et du sectarisme religieux». Dans son intervention à la Conférence ministérielle sur les libertés religieuses, jeudi dernier, à Washington, Abdelkader Messahel a ajouté que «la différence ne véhicule pas nécessairement une menace, comme la diversité recèle toujours un grand potentiel d'enrichissement mutuel». Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que «la pratique de la foi est une forme importante d'expression de la liberté individuelle et doit le rester et être protégée contre les logiques et les attitudes d'intolérance et d'exclusion». Il a en outre souligné que «cette finalité requiert la promotion d'un environnement institutionnel favorable, reposant sur le solide socle de la primauté du droit et de l'égalité des droits sans discrimination ou distinction aucune». Messahel a également relevé que «ce défi partagé qui interpelle toutes les nations appelle à plus de mesures de nature à consolider davantage l'universalité des règles auxquelles les pays ont volontairement adhéré dans le cadre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques». Enfin, Messahel a insisté sur le fait que l'exercice de la liberté de culte «ne doit pas, non plus, servir de vecteur et de motif d'interférence étrangère dans les affaires intérieures des Etats et que bien au contraire, dans ce monde instable, les religions doivent rester des sources de fraternité et de paix, et non pas de haine et de conflits». «C'est la conviction de l'Algérie et c'est la finalité de son action à l'intérieur de ses frontières et sur le plan international», a conclu le ministre des Affaires étrangères. Le fait religieux s'impose de façon croissante dans la vie internationale. De nombreux Etats accordent à la religion une place importante dans leur politique étrangère. L'Arabie saoudite, l'Iran, le Qatar... font de la promotion de leur religion officielle un composant suturant leur politique étrangère. Des pays comme l'Indonésie et la Turquie n'hésitent pas à faire de la religion un outil d'influence diplomatique en mettant en avant les spécificités de leur modèle. Sommes-nous passés des chocs des nationalismes et des idéologies de masse du XIXe et du XXe siècles à celui des religions aujourd'hui'Jusqu'à une période très récente, durant la Guerre froide, les grandes lignes de partage du monde étaient principalement d'ordre politique et économique. L'âge d'or de la diplomatie n'a pas laissé de place aux antagonismes religieux. Mais durant cette dernière rencontre à Washington, l'on comprend que les choses ont comme bougé, la religion s'impose dans les enjeux transnationaux, les questions de sécurité, et les défis du développement. Et voilà que les Américain s'y mettent...
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