Une architecte bozariste s’interroge sur la disparition des vallons verts parsemés d’arbres, des collines tapissées de manteaux verdoyants, des lits d’oued enchanteurs et surtout de ces bâtisses à la toiture en pente couleur rouge-orange en osmose avec Dame Nature.
Tout faisait corps, renchérit-elle. Désormais, de ces paysages, il ne reste que peu de choses dans nos villes, villages, bourgs et bourgades gagnés par un béton envahissant, bousculant ainsi l’ordre urbanistique. Nos cités urbaines n’ont de cesse d’être comblées par des cités-dortoirs, des « volumes à loger » qui ont réussi à supplanter nos rêves, dit-elle. Même le cordon du Sahel, qui sépare la Mitidja de la côte littorale, est en passe de devenir un fourre-tout. Une virée en rase campagne du côté de Baba Hassen, Dély Ibrahim, Birkhadem, Ouled Fayet, Rahmania, Birtouta..., nous édifie sur l’amer constat qu’offrent ces plaines dont l’air vicié a remplacé l’odeur du jasmin, de la fleur d’oranger et autres fragrances de champ qui n’ont plus droit de cité. Un paysage qui, au fil des ans, se voit enlaidi par des décharges anarchiques, des bâtisses érigées, des commerces qui débordent non sans engorger la voie publique, des chemins boueux, des routes cahoteuses, des trottoirs inexistants... A croire que tout le monde se presse à conquérir un lopin de terre pour y installer à l’emporte-pièce ce que bon lui semble. Tout est urbanisable ! L’on a vu même des « quatre étages » élevés hideusement en pleine forêt. A dire vrai, la fièvre de bâtir accapare l’esprit « beggar » qui puise dans je ne sais quoi pour se permettre toutes les raisons à faire le pied de nez à un cadre bâti cohérent. Au diable le bon sens et place à l’esprit rurbanisé, sommes-nous tenus de relever de ces images insensées, désagréables et décalées. L’envie de voir de beaux ensembles harmonieux ne semble pas titiller notre mémoire. La mémoire collective qui interpelle par ailleurs la synergie des architectes, urbanistes, bozaristes et autres paysagistes.
Posté Le : 11/02/2007
Posté par : hichem
Ecrit par : Madjid Tchoubane
Source : www.elwatan.com