L'ESPRIT ET LE C'UR

Plus de la moitié de l'humanité a perdu aujourd'hui ses libertés. Le confinement imposé à plus de trois milliards d'êtres humains donne un sens particulier à une mise sous scellés de la population mondiale qui se rend compte de sa petitesse et de sa vulnérabilité. Mais dans le désespoir installé, les grands de ce monde continuent à rester figés dans les théories économiques d'un classicisme inopérant ne se rendant pas compte que la pandémie est en passe de raser toutes dispositions géostratégiques planifiées jusqu'ici. Ils affrontent le mortel intrus avec les mêmes arrière-pensées et l'esprit individualiste qui a présidé à leur volonté de reconfigurer le monde en fonction de leur désidérata.Il est certain que ce qui apparaît comme un cataclysme n'est qu'à son début, comme il est vrai que devant un petit malin virus, faute de remède et de solution, les yeux et les pensées sont tentés de se braquer vers les cieux pour déifier un phénomène à la limite de l'apocalyptique. Pas tous les regards cependant. Ceux qui n'éprouvent aucune familiarité avec la fatalité et lui tournent le dos restent agrippés à leurs calculs et essaient de s'appliquer dans des planifications dont personne ne connaît l'issue. A quelques exceptions près, on feint d'ignorer que la terre ne se contente pas seulement d'un hoquet alors qu'elle entame une sérieuse reconfiguration, trop lasse d'avoir à supporter encore les inégalités humaines avec leurs cascades de crises et de guerres, éreintée d'abriter le piétinement des plus pauvres par les plus riches.
Les sérénades des groupes des G20, la rigidité de la team du FMI et les complaintes de la Banque mondiale se limitent encore et toujours dans les raccommodages d'une époque résolument révolue.
La seconde vague du tsunami s'annonce déjà dans l'hémisphère sud et on devine déjà les ravages attendus en Afrique. Le coronavirus n'a pas besoin de laissez-passer pour traverser les mers et les frontières. La grande leçon qu'il enseigne dans le malheur de tous et qu'il faut se résoudre à admettre une bonne fois pour toutes que la délimitation des terres n'existe que dans l'esprit et le c?ur des hommes.