L’esprit des rites
La spiritualité est un état d’esprit. Il est très différent de prier ou de jeûner avec la conscience du sens de ses actes et d’accomplir un rituel de façon mécanique. Une tradition du Prophète dit: «Certains jeûnent et ne récoltent de leur jeûne que soif et faim, certains prient et ne récoltent que gesticulations». Le côté formel, institutionnel, purement extérieur prévaut alors jusqu’au point de rendre parfois la dimension spirituelle parfaitement inaccessible.
Si l’on prie Dieu en songeant à nos activités quotidiennes, nos rendez-vous, nos projets..., ce qui arrive très aisément, on est dans une pratique conforme à la lettre, mais dénuée de l’esprit même qui doit vivifier cet acte. Or, nous sommes tellement sollicités, notre attention a tellement tendance à s’éparpiller au quotidien, que la mécanique se met en place au détriment de l’intention, de l’esprit. Aujourd’hui jamais autant de personnes ne se disputent durant la journée que durant le mois de jeûne, alors que les gens doivent en principe être dans le recueillement, la solidarité, la fraternité.Où est donc l’esprit du jeûne ? Dans bon nombre de cas, privé de l’esprit qui l’anime, cela devient une simple pratique sociale. Heureusement, de nombreuses personnes profitent de cette période pour se retirer des sens extérieurs afin d’aller vers l’essence intérieure. Ce qui est la signification la plus profonde du jeûne : un retrait de l’extérieur permettant une connexion beaucoup plus profonde avec la Présence divine.
Le fait que la pratique soit privée de l’esprit n’est pas sans conséquence. Le sens de cette pratique en est complètement changé, celle-ci n’a ainsi plus rien à voir avec ce pourquoi elle a été instituée. C’est pour cette raison que des personnes ont eu pour fonction de créer des espaces au sein desquels une acuité spirituelle plus intense va être développée. Un enseignement spirituel peut y être dispensé, des pratiques comme le dhikr ou l’écoute de poésie mystique nourrissent l’âme et favorisent son rapprochement vers la Présence divine. L’amour mystique et l’ivresse spirituelle éveillent les cœurs et permettent de retrouver l’esprit qui préside à la prière, au jeûne, à l’esprit originel. On se rend alors mieux compte qu’une religion vécue dans son aspect purement extérieur et formel n’a rien à voir avec une religion vivifiée par l’esprit, nourrie par son sens originel.
Fawzi Skali
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Posté Le : 07/09/2006
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com