Désormais, la Turquie hérite de son Meidan popularisé en Egypte pré-révolutionnaire : « Taksim partout » au c?ur de la révolte du printemps dernier durement réprimé. Ce mot d'ordre, magnifiant « l'esprit de Gezi », inscrit dans la durée le mouvement contestataire lancé, le 31 mai 2013, dans le petit jardin public bordant la place Taksim, par des écologistes et déferlant dans les grandes villes de Turquie ébranlée, pendant trois semaines, par des manifestations de grande ampleur sévèrement réprimées (8 morts et plus de 8.000 blessés). « Vous ne pourrez pas occuper Taksim comme vous l'avez fait l'an dernier parce que vous devez respecter la loi », avertit le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan promettant de faire tout ce qui est nécessaire » pour empêcher le retour des manifestants à la « mythique » place pour célébrer le premier anniversaire de la révolte. Le parc Gezi totalement bouclé et Istanbul quadrillé par un dispositif impressionnant (25.000 hommes et 50 canons à eau) traduisent la détermination du gouvernement à avorter dans l'?uf les velléités contestatrices. Tout en accusant, dans son discours prononcé samedi dernierf, des « organisations terroristes » de « manipuler la jeunesse (...) pour s'attaquer à notre unité et à notre économie », Erdogan, conforté par la victoire des municipales du 30 mars, a mené une charge violente contre les manifestants dispersés, à Istanbul et Ankara, à coups de matraques, de gaz lacrymogène et de canons à eau. Selon l'association des avocats d'Istanbul, au moins 65 personnes ont été arrêtées. Le collectif crie dès lors à la dérive autoritaire. « La façon dont le gouvernement s'adresse à nous est de plus en plus violente (...) nous pensons que nous ne pouvons plus nous faire entendre que dans la rue », déclare un membre du collectif, Tayfun Karaman. Face à un régime qui entend renforcer son emprise sur les leviers de la justice, des services de renseignement et des réseaux sociaux, le bras de fer alimente une tension qui met à mal le gouvernement Erdogan vivement condamné, hier, par le conseil de l'Europe pour « l'usage excessif de la force » et la gestion des manifestations en violation des normes des droits de l'homme. Pour Erdogan, la cause des « pillards » est entendue. « La violence naît là où il ya ni pensée, ni idée. Les gens de Gezi sont ceux qui n'ont pas d'idées », a-t-il lancé, la veille de la manifestation (samedi) à des milliers de partisans réunis à Istanbul.
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Posté Le : 01/06/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Larbi Chaabouni
Source : www.horizons-dz.com