Une semaine après l'ouverture de la plage de Club-des-Pins aux... Algériens, les autorités municipales d'Aïn-Benian ont créé un autre «événement» en ouvrant l'accès à plusieurs petites plages et criques depuis des décennies privatisées par des «riverains». Il faudra peut-être qu'on s'arrête sur ce dernier terme. Dans le langage «officiel»... spontanément adopté et intégré par la presse et une partie de l'opinion «branchée», le riverain est le citoyen agissant et pas de n'importe quelle façon. Sont riverains les habitants qui érigent des dos-d'âne, ferment les bars après les avoir saccagés, chassent les «Africains», interdisent la location aux femmes seules... Et quand ils sentent qu'ils sont suffisamment protégés ou simplement que l'autorité locale est trop faible pour imposer la rigueur de la loi, trop complaisante dans des situations autrement plus flagrantes, ils s'accaparent des pans de terre ou de mer qui appartiennent au domaine public. L'arrière-pensée est évidente : ils ont squatté Club-des-Pins et Moretti, on va s'approprier... ce qu'on peut. Ce ne sont pas les «riverains» de la corniche d'Aïn-Benian qui ont inventé ça. Ça fait longtemps que la société a été travaillée au corps pour lui faire avaler, entre autres, cette couleuvre du «tous des ripoux». De la base au sommet ! L'objectif est double : imposer l'idée que quand tout le monde vole, il n'y a plus de voleur. Sinon décourager les disponibilités à l'indignation et la colère en leur soufflant des problèmes de conscience. Et si le «tous pourris» peine, on peut toujours revoir ses desseins à la baisse : qui vole un ?uf vole un b?uf, disent-ils, histoire de renvoyer dos à dos les auteurs de petits larcins de rue avec les architectes de l'entreprise de dépeçage du pays. Et ça a marché dans une certaine mesure. On a même entendu ça dans la foulée du sursaut populaire du 22 Février et pas seulement dans les bouches les plus prévisibles. Sinon, on a quand même réussi à créer un «esprit Club-des-Pins». Il y a quelques mois, toujours à Aïn-Benian, ce sont d'autres murs qui ont été détruits. Quasiment dans toutes les cités d'habitation, des clôtures bétonnées ou métallisées ont été dressées autour des petits terrains destinés à être des espaces verts. Déjà que l'esthétique des lieux est d'une esthétique de boucher, on y a ajouté de la laideur à la laideur en barricadant, en «jardinant» et parfois en élevant poules et lapins sur des espaces publics accaparés par les plus audacieux ou les plus protégés. Réflexion d'un «riverain» sur la corniche d'Aïn-Benian après la restitution à l'usage public des petites plages et criques : ça commence déjà à se clochardiser ! Tiens, on a déjà entendu ça pour... Club-des-Pins du temps béni du bunker d'Etat et paradoxalement après. Le problème est que le bonhomme n'a pas tout à fait tort : l'Etat n'a pas le souci d'humaniser les espaces de détente accessibles à tous. C'est «le palace ou le tripot», pour reprendre le titre d'une vieille chronique.S. L.
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Posté Le : 06/09/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com