Le titre a de
quoi vous étonner. Il est vrai que l'origine déjà de la mule demeure pour certains
assez confuse sinon très difficile à connaître.
Quant à le cerner
dans l'espace ou dans sa mouvance, cela relève plutôt d'une gymnastique assez
complexe, avouons-le.
Et pour mieux
clarifier la chose objet de notre analyse, retenons que l'espèce mulet provient
de l'accouplement de la race asine avec cette pauvre et dupe jument grâce au
truchement de cette volonté humaine de chercher à faire dans l'hybride. Ainsi
est né le mulet ou la mule, lesquels ne disposeront plus jamais de ce droit
sacré de reproduire par eux-mêmes leurs semblables, tel que cela se fait tout
naturellement pour d'autres animaux ou végétaux. De ce croisement entre
pourtant bêtes de somme équine, l'on obtiendra que ces « têtes de mules » bien
nées dans la peau de leur géniteur, chétif et mal aimé de tous mais, avec cette
corpulence chevaline qui les place parfois à la même hauteur au plan physique
que leur maman et oncle maternel. Le travail du bon fermier d'autrefois,
soucieux avant tout dans cet accouplement ou acte contre-nature de fusionner
chez le nouveau-né à la fois la puissance et l'endurance physique de l'âne avec
l'imposante agilité et physionomie de l'animal de course et de plaisir chez
cette docile femelle s'arrête à ce niveau-là. Il sera plus tard relayé par
celui du palefrenier et du muletier. Et c'est là où l'origine de la bête pose
problème à son nouveau propriétaire. Tout d'abord, dans la préparation de
l'animal aux menus travaux domestiques, en tentant de redresser ou d'initier
progressivement la bête de somme aux différentes charges, montures et traits. A
vrai dire, avec l'âne et le cheval, le fermier n'éprouve presque toujours aucun
problème. C'est plutôt avec le mulet qu'il subit tous ces supplices pour le
redresser, ne sachant plus à quel animal il a affaire : à l'âne ou au cheval ?
Un vrai casse-tête chinois, espagnol ou algérien pour ce pauvre paysan. Les
deux autres contrées sont citées à côté de l'Algérie juste à cause de leur
élevage du même animal pour les besoins de leur relief très escarpé dans
certaines régions de leur territoire respectif. Ainsi, le nouveau venu dans la
ferme et dans l'écurie, né de cette « bouillabaisse génétique » a plutôt le
physique du cheval mais non les très grandes oreilles d'un vrai âne. Et comme
dans l'écurie, il tète souvent sa mère, il lui semble qu'il appartient
exclusivement au monde de ses oncles maternels. Et si par hasard, durant le
premier printemps de sa naissance, il existe un quelconque poulain à ses côtés,
produit lui de la pure race chevaline, il tentera par tous les moyens de
l'imiter dans tous ses gestes, galops, trots et apparences jusqu'à forcer le
destin de s'identifier complètement à lui, puisque vivant sous le même toit et
tétant par-dessus le marché les mêmes mamelles de la même ou toute semblable
maman. Ainsi prétend-il quitter pour de bon le royaume des ânes en faisant
allégeance pour chercher unique appartenance à l'autre race équine, de taille
fine et d'origine plutôt noble : celle du cheval, pour ainsi dire et par
excellence.
Cela est valable,
côté animal, avec tout ce moindre mal que la bête produit pour son
environnement sur son origine et son appartenance au monde supposé fort du
moment. Mais qu'en est-il de ce phénomène ou état d'esprit chez l'autre animal
qui lui, en plus, dispose de cette faculté de réfléchir avant d'agir, de se
prémunir de tous dangers avant même d'intervenir, de ne jamais s'investir dans
la moindre entreprise où il aura à courir un quelconque risque mettant en
danger sa personne, ses biens, sa moralité ou son avenir? Pas grand-chose, en
tout cas ! La différence entre les deux n'est que dans le parler mais non dans
la bonne réflexion. Avec nos « têtes de mules » à tout le temps tout dénigrer
de nos origines et culture, on n'est pas très loin du statut accordé au mulet,
si au moins on faisait le même travail que cet animal fournit à son maître au
niveau de la ferme ! Et avec tout cela comme inconvénients et contraintes liés
à notre statut d'éternel assisté, nous voulons tous nous comparer aux vrais
leaders de ce monde ! Aujourd'hui, nous ne pouvons nous comparer ni à l'âne
pour cause de notre fainéantise éternelle et surtout hantise à faire autant que
lui le même effort au profit de la communauté ni même à ces grandes chevauchées
de l'autre animal de race et de guerre, pourtant fidèle ami de l'humanité
depuis des lustres déjà. Nous ne sommes qu'un monde qui ne produit que cette
bête immonde pour se détruire soi-même et détruire avec ces bonnes idées et
initiatives lesquelles disparaissent les unes après les autres dans ce monde où
nous sommes presque tous enterrés vivants. Nous ne passons notre temps que pour
rire de l'âne alors que nous sommes les vrais bons derniers d'une classe de
tout médiocres tiers-mondistes.
Quant à espérer un jour, comme les premiers
de la classe, monter à cheval, monter ce vrai cheval de course ou de bataille
en jouissant de ses belles et très plaisantes chevauchées, l'attitude que nous
adoptons dans nos comportements du moment ne plaide guère pour cette noble
mission, laquelle ne figurera jamais ailleurs que dans le registre d'un minable
mulet reniant ses origines et incapable de s'identifier à cette « nouvelle
famille d'équidés ». Tout le secret est là. Enfoui dans cette mentalité à
vouloir à tout prix quitter son monde d'origine avant même de s'être bien
agrippé à celui où l'on espère jouer à ce bon rôle qui n'est parfois pas le
nôtre. Ainsi, l'on assiste par moment à ces vagues de fausses mutations
humaines dans leur quête de prendre l'ascenseur dans le sens de son mouvement
vertical sans jamais nous prémunir de le faire en sens inverse, pour cause de
n'être jamais à l'heure à notre travail quotidien et pour avoir tout le temps
rechigné à faire l'effort demandé. Avec notre « mentalité de têtu », nous
sommes, sans vraiment le savoir ou le reconnaître, le vrai mulet dans nos
actions et contractions, dans nos considérations et autres appréhensions. Et si
le mulet grâce à ses petites oreilles se surprend toujours à ne plus penser à
l'âne, son géniteur, en voulant aussi bien que le cheval faire ces longues et
utiles chevauchées de guerre ou de paix et de plaisir, l'être humain, imitant
l'autre monde évolué dans son évolution et promotion sociale sans avoir à faire
le même effort, ne pourra jamais prétendre être dans l'étoffe ou l'habit de ce
vrai joker de luxe longtemps imité ou rêvé.
« Khali el aoud », mon oncle est le cheval*,
est tout ce que vous aurez comme réponse si jamais vous tentez de remettre
quelqu'un à la bonne raison ou juste à sa place par les temps qui courent,
puisque personne n'est à sa bonne place.
La réponse est ainsi donnée par l'homme en
question dans la perspective plutôt de se cacher derrière le vrai cheval,
fuyant à tout prix l'identification partielle à l'âne véritable. Un monde de
vraies « têtes de mules » fera tout son possible pour totalement s'écarter des
bonnes qualités de l'âne, dans sa quête effrénée d'appartenir au noble animal
qu'est le cheval.
(*) Adage
populaire au sujet de celui qui renie ses origines.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 25/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Slemnia Bendaoud
Source : www.lequotidien-oran.com