Algérie

L'érudit qui a défié l'administration française



Contrairement aux années précédentes et pour des raisons liées à la crise sanitaire, la célébration du 21e anniversaire de la mort du cheikh el-hadj Ahmed Atba Benatba, écrivain, poète et historien, s'est limitée cette année à la tenue d'une conférence animée par Dr Housseyn Djilali Ben Fredj, spécialiste de l'histoire de la région. Organisée à l'école El-Falah, au centre de la ville de Chlef, une école fondée et dirigée par le fils du défunt moulay Atba Benatba, la conférence traitait des différentes étapes historiques, scientifiques et éducatives vécues par le cheikh dès son jeune âge jusqu'à sa mort le 8 août 2000."D'habitude, cet important événement rassemblait des dizaines, voire des vingtaines de chouyoukh, chercheurs et universitaires de différentes régions du pays. Mais cette fois-ci et pour des raisons que nous connaissons tous, nous nous sommes contentés de passer en revue, au moyen de cette conférence, les réalisations et les défis que cet érudit cheikh a relevés dans les domaines du savoir en général et de l'éducation en particulier, malgré les conditions difficiles que vivait l'Algérie alors sous l'occupation coloniale", dira d'emblée le conférencier.
Né le 23 octobre 1916 en pleine Première Guerre mondiale au douar des Atba (commune d'El-Attaf, Aïn Defla) dans une famille d'érudits à une période où seuls les enfants des colons, hormis quelques Algériens avantagés, avaient facilement accès aux établissements scolaires. Pour le conférencier, cheikh Ahmed avait rapidement et sans encombre appris l'ensemble du Coran alors qu'il avait à peine 7 ans : "C'est grâce à plusieurs chyoukh de l'époque qu'il avait fait les débuts de sa scolarité dans l'école El-Attafia que son père Djilali avait lui-même fondée."
Et Ben Fredj de continuer : "L'école en question dispensait alors, en plus de l'enseignement du Coran, plusieurs autres matières littéraires et même scientifiques. Sa vie en tant qu'étudiant assoiffé de savoir a duré de 1929 à 1934 au sein de cette même école où il avait pris connaissance des notions de base de l'histoire, de la jurisprudence, de la géographie, de la littérature arabe, de la langue française ainsi que les sciences à l'exemple de l'astronomie entre autres." Une fois les notions de base acquises, il s'est rendu en 1934 à El-Asnam (Chlef aujourd'hui) pour poursuivre ses études. Le conférencier explique aussi que c'est son père qui avait décidé de déménager dans cette ville où, aussitôt arrivé, a fondé l'école El-Falah, le 14 octobre 1935.
Poursuivant son intervention à cette occasion, le docteur raconte aussi que de nombreux chouyoukh venus des différentes régions du pays et qui ont été formés par cheikh Ahmed dans cette même école sont devenus par la suite des cadres et ont eux aussi fondé des écoles et des zaouïas à travers le territoire national. Parmi eux, le brillant mufti de Mostaganem, Djilali Belmahdi, celui de la grande mosquée d'Oran Abdelkader Baatouche ou encore l'ex-ministre de la Justice dans l'Algérie indépendante Mohamed Teguia.
Outre ces derniers ont été également enseignés par cheikh Ahmed de nombreux révolutionnaires algériens qui étudiaient chez lui à l'école El-Falah pendant la journée et qui se transformaient en combattants contre le colonialisme français durant l'époque coloniale une fois la nuit tombée. Décédé le 8 août 2000, le défunt cheikh Ahmed Atba Benatba a laissé derrière lui un riche patrimoine de savoir et d'histoire "qui nécessite de faire l'objet d'un travail de recherche", a-t-il conclu.

AHMED CHENAOUI


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