L’ERREUR REGRETTÉE DE HEIDEGGER

L’ERREUR REGRETTÉE DE HEIDEGGER

Le philosophe allemand Martin Heidegger (1889-1976), a cru pendant quelques mois, en 1933, qu’Hitler allait faire du bien à l’Allemagne avant de se raviser et de regretter amèrement son erreur.

Les nazis eux se sont toujours méfié de lui, le faisant surveiller pour finalement juger que son enseignement étant trop fumeux et incompréhensible pour être dangereux. Ils voyaient même en lui un héritier du judaïsme à l’intérieur de l’« école phénoménologique » fondée par un Juif, E. Husserl.

Heidegger démissionne moins d'un an après avoir pris ses fonctions de recteur. À partir de 1934, les nazis lui sont hostiles. Preuve en est le rapport accusateur de Krieck : « Le sens de cette philosophie est l'athéisme déclaré et le nihilisme métaphysique généralement représenté chez nous par les écrivains juifs, et donc un ferment de décomposition et de dissolution pour le peuple allemand »

Heidegger n’a jamais été antisémite. Selon le témoignage de Jaspers, il a défendu ses étudiants et collègues juifs persécutés. Hannah Arendt, philosophe d’origine juive (avec laquelle il a eu une liaison) a toujours témoigné de l’admiration pour lui.

Walter Biemel, élève de Heidegger de 1942 à 1944, spécialiste de son œuvre (qui a écrit Le concept de monde chez Heidegger) témoigne :
« Pour la première fois, il me fut donné d’entendre de la bouche d’un professeur d’université, une violente critique contre le régime qu’il qualifiait de criminel…
Il était d’ailleurs le seul professeur qui ne commençât pas son cours par le "Heil Hitler!" réglementaire…
Je me rendais compte à quel point il était lucide sur son erreur de 1933 »

NB. Après la publication des « Cahiers noirs » en 2014, le non-antisémitisme de Martin Heidegger a été de nouveau l’objet de controverses. Les philosophes restent partagés entre l’accusation et la défense.

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