Algérie

L?erreur



Paradoxalement, au lieu de rassurer, la visite de cheb Mami au Président Bouteflika a ralimenté les interrogations. Pourquoi lui et pas d?autres, notamment les fidèles amis politiques ? Est-on dans un nouveau style de communication après l?échec du premier ? Les quelques déclarations apaisantes d?Ouyahia et de Belkhadem n?ont pas été de nature à faire barrage à l?incessant flux d?informations alarmistes livrées principalement par les médias français qui, par la force des choses, participent à forger l?opinion publique algérienne. Y compris les propos rassurants de cheb Mami qui n?ont pas été de nature à renverser la tendance et ramener le calme, notamment après qu?un éminent spécialiste français eut estimé que le chef de l?Etat « pouvait souffrir d?un cancer à l?estomac ». Les spéculations ont la particularité de ne pas se confiner dans la rue algérienne, se propageant également dans les hautes sphères de l?Etat, ce qui laisse supposer que le sceau du secret a été officiellement posé sur la maladie du Président Bouteflika. Si tel est le cas, il y a erreur, car l?état de santé d?un chef de l?Etat ne peut se confiner à la sphère privée, du moins sur le long cours. Les pays qui ont compris cela ont fini par se doter d?une législation avec comme finalité d?épargner des situations déstabilisatrices à l?ordre public et à la bonne marche des institutions. Il n?est pas possible en Algérie, fragile et fracturée, de balayer d?un revers de main les rumeurs, de faire comme si elles n?existaient pas ou de rééditer le mauvais scénario de la maladie du Président Boumediène qui avait tenté d?infantiliser la population par les mensonges et les mises en scène. Il y a devoir, pour les autorités, de freiner cette spirale de la rumeur déstabilisatrice par la publication d?un bulletin de santé, le plus exhaustif possible, qu?accompagneraient des images télévisées du chef de l?Etat, d?autant que cheb Mami l?a vu « en forme et souriant ». Nul doute sur l?efficacité d?une telle démarche qui aura, en outre, la vertu de lancer un débat sur les conséquences d?une maladie d?un chef d?Etat, quelle que soit sa gravité, sur la marche d?un pays et sur les formes possibles de sa prise en charge aux plans politique et juridique. Le tabou, la peur ou la manipulation ne doivent pas prendre le pas sur une démarche responsable et courageuse.


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