Algérie

L'errance de la Banque d'Algérie renforce les abreuvoirs... Lutte contre le marché informel des devises


L'errance de la Banque d'Algérie renforce les abreuvoirs...                                    Lutte contre le marché informel des devises
Les économistes, qui se sont intéressés au phénomène du change parallèle, estiment à 45 milliards de dollars de liquidités circulant
à travers les canaux informels. L'impact sur l'économie réelle est préjudiciable.
Si le gouverneur de la Banque d'Algérie peut jouir du droit de réclamer une première victoire sur les députés lors du débat, à l'APN, concernant l'éradication du marché informel des devises, Mohamed Laksaci est allé droit dans ses bottes, car il est attendu désormais sur le terrain en uniforme de gendarme, un rôle qu'il n'avait jamais voulu jouer. La détermination de Mohamed Laksaci de venir à bout de ce phénomène s'était subito presto renforcée et il a promis, lors de son passage à l'hémicycle, de réviser le change en jouant sur les procédés de convertibilité courante du dinar, mais aussi de rehausser les commissions de 1% afin d'encourager l'ouverture des bureaux de change privés. Mais le temps ne semble pas encore venu pour la concrétisation de ses promesses.
Pour le moment, c'est la «fonction sociale» de ce marché informel des devises, pourtant nuisible à l'économie, qui est tolérée après avoir été défendue à cor et à cri par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, soutenu par le patron de la Banque centrale, lui a illico presto remonté les bretelles en insistant sur le caractère illégal de l'activité. Ils se sont cependant gardés d'évoquer les ramifications dangereuses du fléau, dont la fuite de capitaux, le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, dont la cure relève par moments des prérogatives de Daho Ould Kablia. Mais la suite n'a pas donné pour autant raison aux deux hommes en charge des finances algériennes. Cette fois, les mots ne suffisent pas. Les promesses tardent à se concrétiser. Pourtant, les chiffres qui caricaturent ce fléau donnent le tournis.
Les données statistiques invoquant le poids du marché informel des monnaies étrangères parlent de 18 à 45% du PIB national. Les économistes, qui se sont intéressés à cette question, estiment, eux, à 45 milliards de dollars de liquidités circulant à travers les canaux informels. L'impact sur l'économie réelle est préjudiciable. Sur l'image du pays aussi. L'Algérie est le seul pays de la région qui autorise, plutôt qui tolère la vente des monnaies étrangères sur la voie publique. Pourtant, les instances en charge de l'éradication de ce fléau antiéconomique ne sont aucunement appelées à suer pour «nettoyer» le square Port-Saïd, ou encore certains endroits plus discrets, mais qui sont connus de tous. Il faudrait simplement appliquer les textes régissant l'activité des bureaux de change privés, tout en jouant sur la majoration des gains, limiter le plafond des transactions et accroître le contrôle des opérations.
évacuer la voie publique'
En un mot, la stagnation réglementaire a eu raison de toutes les tentatives destinées à canaliser les liquidités de l'informel. La résurgence du débat au sujet du marché informel des devises a eu le mérite de voir le gouverneur de la Banque d'Algérie promettre monts et merveilles à même de faire rentrer les euros et les dollars de la voie publique dans le circuit formel.
Autre sujet «chaud» : l'évacuation de la voie publique, épine dans le pied du ministre de l'Intérieur, est passée dans l'ombre. Les solutions passent aussi par la responsabilisation de tout un chacun. Les réponses techniques qui relèvent des compétences de la Banque d'Algérie et du ministère des Finances ne seront que complémentaires au travail des flics, bien que la tâche qui incombe à Laksaci soit au c'ur de la solution.
Les députés qui se sont saisis du débat et autres économistes s'interrogeaient sur la «tolérance maximale» décrétée par Daho Ould Kablia aux acteurs du marché informel des devises. Son rôle dans l'évacuation de la voie publique est passé inaperçu.
Ce sont les députés qui se sont vu dégonfler par la suite, notamment après le rejet d'un amendement proposé à la loi de finances 2013, fixant au gouvernement un délai d'éradiquer le marché des devises avant la fin de l'année en cours. Symbole d'un sacrifice écrasé dans le cendrier de l'APN. Ce revers fait sans l'ombre d'un doute les délices des cambistes et ceux qui sont au bout de la chaîne, en attendant de voir la Banque d'Algérie concrétiser ses aspirations. Certains économistes redoutent l'effet, comme lorsqu'on cherche une aiguille dans une botte de foin. La solution pourtant est là : revoir à la hausse la marge bénéficiaire qui est de 1%, avantager les banques afin de parvenir à bancariser les devises du marché parallèle, définir un modèle de gestion des bureaux de change ainsi que leur relation future avec la Banque d'Algérie.
La plus haute autorité monétaire du pays pourrait même intervenir pour fixer les conditions et les taux d'approvisionnement de ces bureaux en devises étrangères. Le pays gagnerait ensuite à instaurer un climat de confiance et de transparence sur la place financière d'Alger. Sur le fond, certains gros bonnets de l'importation et du transfert illégal des capitaux ont bien l'intention de profiter encore de cette errance des instances dans la recherche des mécanismes juridiques et techniques.
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