Algérie

L'ère Ennahda face au péril salafiste Tunisie



L'ère Ennahda face au péril salafiste                                    Tunisie
Les belles promesses de la « révolution de jasmin » se sont envolées pour laisser place au dur quotidien des privations et de malvie. A l'origine des tensions sociales, les problèmes économiques qui ont largement souffert du déclin touristique et du désinvestissement tendent à compromettre une transition craquelant. C'est que la belle aventure démocratique est aujourd'hui menacée par l'islamisation rampante de la Tunisie, prise en étau entre le mouvement hégémonique Ennahda et la montée en puissance des salafistes défiant le pouvoir et appelant, en juin, à l'insurrection générale, quelques jours seulement après, le discours du leader d'El Qaïda, Ayman El-Zawahiri, incitant le peuple tunisien à défendre la chari'a. La dérive a pris des proportions inquiétantes avec la remise en cause de l'égalité citoyenne par Ennahda, provoquant une levée de boucliers pour garantir les droits de la femme transgressés, et le projet d'article de la constitution prévoyant l'élection de l'instance de régulation de la presse en l'absence des professionnels de l'information. Dans une pétition, lancée cette semaine par la députée d'Ettakatol, Selma Mabrouk a crié son indignation de la violation des libertés fondamentales qui consacrent l'égalité homme-femme. « C'est un revirement total par rapport aux promesses faites au cours de la campagne électoral par tous les courants politiques qui avaient affirmé leur attachement aux droits des femmes et leur volonté de les faire évoluer », s'est insurger Sondes Garboui, la présidente de la section tunisienne d'Amnesty International. Le rêve de l'Etat laïc et citoyen est parti en fumée. L'emblématique Ghannouchi, parti en guerre contre les médias et les syndicats accusés de tous les maux, est visiblement débordée par l'activisme des salafistes assuré de l'impunité et maîtres des lieux. Plusieurs quartiers de la capitale ont vécu, les 11 et 12 juin l'enfer de la déferlante salafiste contraignant le gouvernement à imposer le couvre-feu dans plusieurs villes. Ils se sont aussi rendus maîtres de Sejnane, jugeant publiquement les personnes coupables d'actes jugés contraires à la charia. A Jendouba, érigé en califat indépendant et à Kairouan occupé, le 20 mai par 5 000 salafistes, le diktat incontesté ne semble guère sortir de sa torpeur la troïka écrasée par l'alliance de fait des islamistes et renvoyant l'image pathétique des partenaires de gauche tentant tant bien que mal, au prix de graves concessions, a maintenir à flot un édifice en équilibre instable. Le bras de fer, né de la gestion mouvementée de l'extradition de l'ancien Premier ministre libyen, Baghdadi Mahmoudi, et la montée au créneau du président Moncef Marzouki, menaçant d'une autre révolution, suffisent à montrer l'étendue du malaise politique et de la cohabitation en dent de scie. Le scénario de l'islamisation de la Tunisie, débarrassée de toute forme de contre-pouvoir, ou, à tout le moins, le retour d'une personnalité de l'ancien régime (le nom de Béji Caïd Essebsi est assidûment évoqué), est avancé par des analystes de la Tunisie post-révolutionnaire.


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