Algérie

L'équilibre dans l'impuissance, entre pouvoir et opposition en Algérie




L'équilibre dans l'impuissance,
entre pouvoir et opposition en Algérie
C'est un fait, que le monde musulman en général et le monde arabe en particulier, ont de tout temps occupé une place exceptionnelle dans les desseins de l'Occident. Un Occident dont les calculs géostratégiques se sont toujours fondés sur la nécessité vitale d'empêcher tout processus de renaissance dans les pays de notre région arabo musulmane.
Mais il est un autre fait tout aussi patent, c'est que les milieux politiques occidentaux ont pris conscience que la plupart des régimes politiques autoritaires qui leur ont servi depuis des années à prolonger leur domination néocolonialiste sur nos pays, ces régimes donc, sont aujourd'hui parvenus en bout de course ' y compris au plan biologique ' et qu'il est temps de trouver des solutions alternatives, à même de sauvegarder leurs intérêts jusqu'ici protégés par ces régimes qui, depuis des décennies tiraient toute leur légitimité, de leur compromission avec des intérêts étrangers, dans l'exploitation des richesses de nos pays et de nos peuples.
Et le régime algérien aujourd'hui en place, ne saurait constituer une exception dans cette situation. Bien au contraire, il représente même, aux yeux d'une large frange du peuple, un exemple des plus abjects, quand on se réfère aux évènements sanglants de la décennie noire [couverts par le silence de l'Occident]. Ce qui n'empêchera nullement la plupart de ces mêmes pays occidentaux, de se séparer sans état d'âme, de certaines figures résiduelles symbolisant le pouvoir réel et peut-être même, de se séparer en vrac, de l'ensemble des tenants du régime, au moindre indice de rupture de l'équilibre, le régime en place étant devenu désormais un « poids moral » constituant une menace pour la stabilité de l'ensemble de la région et partant, pour leurs intérêts. Et l'exemple de l'Histoire récente est là pour témoigner comment les Occidentaux, les Etats-Unis en tête, ont été d'une façon ou d'une autre impliqués, au moins au stade des préparatifs, dans l'assassinat de Sadate, dont le discrédit, autant en Egypte que dans les pays arabes, menaçait de provoquer des réactions populaires incontrôlables et qu'il était devenu de l'intérêt de l'Occident de s'en défausser, pour pouvoir le remplacer par un autre [Moubarak] qui allait jouer un rôle majeur dans la longévité du régime en place et la continuité de sa politique, jusqu'à ce jour.
L'observateur de la scène politique algérienne s'apercevra aisément que le régime a atteint aujourd'hui un stade de sénescence devenu propice à la multiplicité des centres de pouvoir dans un contexte de déliquescence et d'absence de la moindre vision politique, comme si les piliers de ce régime excluaient toute idée de leur propre disparition. Il en est résulté que notre pays est passé de l'étape d'un pouvoir vertical concentré, exercé par un groupe restreint de militaires et de leurs proches, durant les années 90, à celle de plusieurs pouvoirs conjoints et horizontaux, aux mains des différentes clientèles de ce régime. C'est là un développement qui relève de la nature-même d'un système, contraint de se prolonger en associant d'autres catégories d'opportunistes dans la curée et le pillage organisé du pays. Ceci du moins, tant que le permettra l'aisance financière procurée par la rente pétrolière. Sauf que la « pieuvre » ainsi créée est en train de menacer sérieusement l'existence du régime lui-même, voire celle du pays tout entier, dans la mesure où la tête du régime est aujourd'hui incapable de commander à un corps en décomposition manifeste; une décomposition qui a été largement perceptible comme chacun a pu le constater, durant la récente mascarade électorale.
Comme nous venons d'y faire allusion, un tel état de choses ne constitue pas seulement une menace pour le régime en tant que tel, mais pire, une menace pour le pays lui-même; et les prochains jours semblent gros d'évènements qui vont bouleverser profondément les rouages d'un pouvoir, acculé à redistribuer ses cartes et les rôles qui vont avec ; non pas que nous soyons à la veille de changements politiques radicaux ' vu notre incapacité à prévoir combien de jours, de mois, voire d'années de vie [biologiquement parlant] qu'il reste à ce pouvoir ' mais tous les facteurs indiquent que le régime voit se fermer devant lui, toutes les issues, les unes après les autres et qu'il ne lui reste en fait que deux atouts, en plus de l'aisance financière ; deux atouts de taille, il faut le souligner : d'une part, l'absence d'une opposition réelle, organisée et forte, ayant une vision politique crédible, capable de mobiliser les populations autour d'elle et, d'autre part, le médiocre niveau de conscience politique d'une jeunesse pourtant démoralisée mais qui ne parvient pas à traduire cette démoralisation en revendications politiques légitimes.
Force est de constater cependant, que les vaines contorsions caricaturales du régime pour exhorter les populations à s'associer à la mascarade électorale, auront induit chez les différentes catégories du peuple algérien, un regain d'intérêt inattendu pour la chose politique, autant par rejet d'un pouvoir qui s'accroche, que par réaction contre le navrant spectacle donné de notre pays, par les personnages quasi folkloriques qui ont émaillé une campagne électorale indigne qui se voulait être un « printemps démocratique »; une campagne dont le régime a joué comme d'une dernière carte. Ce qui a fait dire à certains analystes, que le régime, pour maintenir sa pérennité, sera sans doute contraint d'anticiper une Intifadha populaire potentielle, en mettant en 'uvre de pseudo réformes qui lui garantiraient un sursis ; comme ce fut le cas en Octobre 88. Ce serait-là bien entendu, le pire des scénarios, qui pourrait maintenir pour de longues décennies encore, l'Algérie en otage.
L'Algérie est aujourd'hui à la croisée des chemins et la scène politique est ouverte sur tous les scénarios. En boycottant massivement la mascarade électorale, le peuple algérien vient de jeter la balle dans le camp des élites saines et sincères de la nation ' et dont il connait l'existence ' les mettant ainsi, devant une écrasante responsabilité dont ils seront comptables, devant lui et devant l'Histoire. Tant il est vrai qu'il est difficile d'imaginer la continuité de ce régime sous son statut actuel, jusqu'à l'échéance du mandat présidentiel en cours. Ceci d'autant plus que le problème réside moins dans le régime ' que l'on sait condamné ' que dans la concrétisation sur le terrain, d'une opposition réelle, capable de rassembler et porteuse d'une vision politique claire.
Ce qui se passe aujourd'hui en Algérie, c'est que nous sommes en présence d'un équilibre mortel entre le régime et l'opposition réelle : la survie de ce régime aux abois, beaucoup moins puissant que d'aucuns pensent, n'étant en fait que la résultante directe du vide, c'est à dire de l'inanité d'une opposition morcelée, sans structure rassembleuse, ni vision politique consensuelle qui lui permettraient de se présenter en alternative crédible, capable de s'élargir à l'adhésion du peuple. Le succès en politique a toujours été subordonné à la capacité d'initiative et à la compréhension des problèmes réels du peuple de la rue et de ses aspirations.
Les récentes expériences de l'opposition réelle ont démontré son incapacité à prendre contact avec ce peuple de la rue, en se contentant de dialoguer avec elle-même, à travers l'espace médiatique étroit. Or, même dans ce monologue, il semble qu'elle ait échoué en se sclérosant comme le pouvoir lui-même et son opposition officielle, devenus les uns comme les autres, prisonniers de leurs carcans, incapables de proposer ou d'innover.
Il est intéressant de comparer cette situation d'immobilisme et d'impasse politique, à celles qui affectent parfois le monde de la recherche scientifique, en particulier dans le domaine des sciences exactes quand certains chercheurs se montrent impuissant pendant des années à résoudre des problèmes complexes qu'ils ont souvent eux-mêmes incorrectement formulés et qu'il faille attendre l'arrivée d'une nouvelle génération de scientifiques, désintoxiqués et affranchis des anciennes formulations et qui arrivent avec une manière nouvelle de reformuler la problématique, garantissant par là-même l'émergence de solutions pertinentes et hardies aux problèmes qui se sont accumulés. Telle sera la mission de la nouvelle génération dans le champ politique, ainsi que cela a été démontré dans les révolutions arabes.
Sauf qu'il ne s'agit nullement dans notre propos, d'un clonage quelconque, sur telle ou telle révolution arabe, tant il est vrai que ce serait-là, une erreur mortelle, quand on sait que chaque pays, chaque peuple ont leurs spécificités. D'ailleurs, il n'est nullement exclu que le scénario « à l'algérienne » sera différent ; comme le fut le déclenchement de la révolution algérienne contre le colonialisme, devenue un exemple unique dans l'Histoire.
C'est dire ' et c'est la conviction de l'auteur ' combien il devient impérieux, que les hommes d'honneur de cette nation présentent publiquement un projet politique de société aux objectifs clairement énoncés et où il n'y aura place, ni pour la course au leadership, ni pour le culte du secret ; c'est-à-dire loin de toutes ces longues tractations organiques, aussi laborieuses qu'inutiles, souvent mort-nées, à cause des conflits de personnes ou par le jeu des infiltrations opérées par les différentes polices politiques.
Afin qu'un tel projet revête toute sa profondeur et sa popularité, il est nécessaire d'y associer des personnalités nationales de poids, de par leur crédibilité, et dont la représentativité s'étende à toutes les régions de l'Algérie réelle, telle quelle, et non telle que la présente ' ou du moins se la représente ' une minorité s'exprimant à voix haute, et dont le discours, relayé à travers les médias publics de la presse ou de l'audiovisuel qu'elle détient. Un discours décalé, qui donne cette désagréable impression que l'Algérie se situerait sur l'autre rive ou serait carrément redevenue une colonie' Sans oublier la grande misère d'une information officielle indigente, qui prétend résumer le quotidien d'une grande nation comme l'Algérie, à travers des bavardages navrants, relatant tel ou tel conflit mineur entre le régime et tel ou tel parti, tout aussi mineur'
L'objectif immédiat de ce projet serait d'abord de stimuler l'intérêt des citoyens pour la politique et la chose publique qui ne doivent pas être abandonnés, ni au régime, ni à une opposition créée de toutes pièces par ce même régime. Ceci afin que nos concitoyens ne soient pas trompés ni embrigadés par de faux partis pour un faux changement.
Ce qu'il nous faut savoir c'est que cette voie implique un prix, sous forme de sacrifices qui seront au final, beaucoup moins coûteux pour notre patrie ; car, sans élévation du niveau de conscience politique parmi les franges les plus larges du peuple, et en particulier chez les jeunes, on ne peut imaginer rien d'autre que le chaos. De même que chacun doit comprendre que la phase de la mise en 'uvre du changement et de l'édification d'un nouveau régime politique, requiert un esprit de consensus, mettant l'intérêt supérieur de la nation au-dessus de toute autre considération. En effet, le consensus ne signifie pas nécessairement accord ; il suffit ici d'évoquer l'exemple tunisien et les gesticulations des chantres de la modernité ou les aberrations des salafistes. Le consensus que nous proposons, c'est un consensus de sages, autour d'une plate-forme de valeurs et de principe politiques communément admis.
L'autre point important, c'est de comprendre la nature réelle de cette lutte, en se référant aux expériences récentes, voire en cours, des peuples frères. Car, en vérité, ces luttes sont d'abord des luttes pour la restauration de la souveraineté des peuples et vont vont donc bien au-delà de la revendication de démocratie ou même de liberté au sens étroit du terme. C'est pourquoi, nous devons prendre en compte le fait que tout processus de changement que nous aurons à engager, signifierait d'entrer simultanément en lutte contre un certain nombre d'intérêts occidentaux qui useront de tous leurs moyens pour faire avorter tout projet de changement qui ne mettrait pas en selle de nouveaux vassaux à leur service. Ceci d'autant plus que l'Algérie, devenue aujourd'hui un vaste champ sous influence occidentale, représente un poids géostratégique majeur, aux yeux de ces intérêts occidentaux N'oublions pas comment la France s'est dégagée de ses autres colonies ' y compris de la Tunisie voisine par exemple ' pour consacrer ses forces à conserver l'Algérie'
Notre combat, c'est le combat entre le Vrai et le Faux, entre La Justice et l'Injustice, entre la Liberté et l'Esclavage, entre la Justice Sociale et la Misère, en un mot, c'est le combat éternel des Justes. Il est vrai que nous pourrions avoir des points de vue différents sur les voies et moyens de réaliser les objectifs du changement, mais nous ne pourrons remporter ce combat que si nous sommes sincères et loyaux envers le peuple car, la crise politique et morale que nous vivons aujourd'hui, est le résultat incontestable des pratiques de l'intrigue, du mensonge, des manipulations et de l'insincérité de nos dirigeants, aussi bien avant, que pendant la Guerre d'Indépendance et même après cette Indépendance. C'est pourquoi il ne faut pas laisser se répéter l'Histoire. Le peuple algérien a versé assez de sang pour couvrir plus d'un millier de révolutions mais il n'a malheureusement recueilli que des malheurs, sous la forme de pouvoirs successifs, plus malhonnêtes et corrompus les uns que les autres.
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