Les membres de la Chambre basse du Parlement auront à débattre, dès aujourd'hui, du plan d'action du gouvernement concocté, faut-il le préciser, en pleine période de crise internationale.
Une chose est sûre : depuis la présentation par le Premier ministre de la politique générale du gouvernement, au lendemain de son retour aux affaires, la situation va encore de mal en pis. Ahmed Ouyahia avait estimé alors le taux de croissance hors hydrocarbures à 6%. Une proportion qui égalise à peine la moyenne africaine qui est de 6,2%. La question qui s'impose est celle de savoir si les 150 milliards de dollars que compte injecter le gouvernement durant les cinq années à venir serviront, cette fois-ci, à relancer la machine économique. Car, les deux premiers plans de relance décidés depuis déjà une décennie n'ont pu servir, bon gré mal gré, qu'à atteindre la moyenne africaine de croissance économique.L'Algérie injecte 15% de son PIB pour faire 5% de recettes. Le défi majeur du gouvernement consiste à diversifier l'économie nationale qui demeure scotchée des années durant à la manne pétrolière. Pour ce faire, le régime n'aura qu'une seule corde à son arc : changer son fusil d'épaule et abandonner la logique d'une économie rentière et distributive qui lui assure ' jusqu'ici ' le contrôle politique de la société. Même si les responsables algériens continuent à nourrir l'optimisme quelque peu démesuré, le pays n'est pas pour autant à l'abri d'une tempête eu égard aux fondements pour le moins fragiles de l'économie algérienne. Les prix des hydrocarbures se situent toujours aux paliers inférieurs de la pyramide.Cet effondrement, combiné à une récession économique mondiale, a eu, comme première conséquence, la baisse des exportations algériennes en hydrocarbures, la réduction du volume des réserves de change (143,102 milliards de dollars à la fin du mois de décembre 2008). Le taux de couverture des importations de biens et services par les réserves de change a fortement chuté en 2008. La proportion était de près de 36 mois ' la couverture des importations par les réserves de change ' contre un « pic » estimé à 40 mois en 2007. Ainsi, l'équilibre budgétaire de l'Etat pourrait être sérieusement remis en cause si les cours du pétrole continuent à enregistrer une tendance baissière. Les importations qui ont enregistré un nouveau record à fin 2008 (près de 40 milliards de dollars), et dont le montant augmente de manière substantielle, sont aussi de nature à mettre en difficulté le budget de l'Etat. Les responsables algériens, qui s'apprêtent à injecter à nouveau une somme faramineuse de 150 milliards de dollars, ne semblent pas prendre en compte le double défi auquel est confronté le pays ; baisse des recettes et des dépenses publiques non maîtrisées. La crise a d'ores et déjà frappé à nos portes.L'effondrement des cours mondiaux du pétrole s'est traduit déjà pour l'Algérie par une baisse de ses recettes. La valeur de la recette des exportations algériennes a atteint 10,74 milliards de dollars au 1er trimestre 2009, soit une baisse de 42,07% par rapport à la même période en 2008, selon un bilan évaluatif rendu public récemment par le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) des Douanes. L'inflation, elle, s'est établie à 6,1% durant le premier trimestre 2009 si l'on tient compte d'un rapport diffusé par l'Office national des statistiques (ONS). Ainsi, les indicateurs fondamentaux de l'économie nationale demeurent très fragiles, affaiblis davantage par la chute des prix du pétrole et la crise financière internationale. Ahmed Ouyahia n'aura donc à répondre que sur les 150 milliards de dollars à injecter durant les cinq années à venir au moment où la crise économique continue à faire des ravages dans les Etats les plus puissants. Le même discours risque d'être répété à nouveau, à défaut d'une politique économique cohérente.
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Posté Le : 19/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Titouche
Source : www.elwatan.com