Algérie

L'épreuve syrienne



Après le groupe des «Amis de la Libye», voici celui de la Syrie qui se réunit demain à  Tunis. Sa création, rappelle-t-on, est intervenue à  la suite du double veto russe et chinois au Conseil de sécurité, immédiatement suivi, peu après, par leur rejet d'une résolution finalement adoptée à  une large majorité par l'Assemblée générale de l'ONU. Elle serait même la conséquence du blocage constaté au sein de cette instance, sur lequel il y aurait beaucoup à  dire selon ceux qui s'y opposent justement, rendant le débat, à  ce sujet, plus âpre qu'il ne paraît. Et puisqu'il en est question, pourquoi une telle marginalisation de l'ONU, rappelant l'époque de la guerre froide ' On relèvera à  cet égard que la Russie, qui a décidé de ne pas participer à  cette conférence, conteste la légitimité de ce groupe. Pour sa part, la Chine déclare «examiner l'utilité, le fonctionnement et d'autres aspects de la conférence». Principale concernée, Damas considère que ce groupe «vise à  soutenir l'opposition armée dans le pays». C'est ainsi que les autorités syriennes parlent de l'opposition, et même en termes durs, comme la trahison ou la collusion avec des puissances étrangères, en indiquant que l'un des buts de ce groupe est de «soutenir et de financer les bandes armées». Quant à  l'initiative en question, elle vient, dit-on, en appui aux efforts de la Ligue arabe, et bénéficie du soutien de plusieurs pays. Et selon les mêmes indications, la conférence des «Amis de la Syrie» devrait réunir des Etats désireux de conclure une entente internationale visant à  mettre un terme aux violences dans ce pays. Un objectif noble, mais qui n'échappe pas à  la suspicion. Comme les réserves exprimées par l'instance de coordination syrienne (opposition) opposée à  toute ingérence étrangère. «L'opposition souhaite un changement du régime et non la chute de l'Etat», souligne un de ses responsables, ajoutant que l'ingérence étrangère pourrait mener à  une guerre civile et à  la chute de l'Etat. Autant dire que la confiance n'est pas entière, et qu'il revient à  la conférence de prouver le contraire. Plus généralement, l'opposition affiche encore ses divisions, comme en témoignent les propos de la partie organisatrice soulignant que «le Conseil national syrien et d'autres composantes de l'opposition seront représentés à  la rencontre de Tunis». Tentant de lever toutes les réserves, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a affirmé que la conférence de Tunis va envoyer un «message clair» à  la Russie et à  la Chine d'avoir  fait un «mauvais choix» quant au traitement de la question syrienne, précisant que les participants devront se concentrer sur «les meilleurs moyens d'offrir l'aide humanitaire nécessaire», et «d'intensifier des actions diplomatiques pour sensibiliser les pays qui appuient encore le régime de Bachar Al Assad». A l'approche de cette échéance, le sénateur américain, John McCain, a appelé, lundi, à  fournir des armes à  l'opposition syrienne tout en précisant qu'il n'appelle pas à  une aide directe américaine. «Nous avons vu en Libye et dans d'autres conflits, qu'il y a des moyens d'apporter des armes aux gens pour qu'ils se défendent eux-mêmes.» C'est justement ce que certains pays entendent éviter, ou s'en servir comme prétexte pour bloquer toute initiative, au risque bien réel, et parfois fondé, de soutenir le régime syrien. On se rend compte que la marge de manœuvre est bien étroite sinon nulle, s'agissant des massacres commis par le régime syrien à  l'encontre de son peuple et des accusations par l'ONU de crimes contre l'humanité, de se prononcer sans la moindre équivoque. Dans bien des cas, beaucoup craignent une répétition de ce qui s'est passé en Libye. Mais comment aider un peuple et le protéger sans que cela ne débouche sur une intervention étrangère '
Une bien terrible équation surtout que l'ONU est l'otage de sa procédure. L'exercice sera dur, mais pas impossible, surtout s'il ne s'agit en aucun cas de disqualifier trop longtemps le système des Nations unies.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)