Algérie

L'épreuve du terrain



Les élections locales n'avaient duré qu'une journée, le 27 novembre, mais l'installation des nouvelles assemblées et des nouveaux exécutifs communaux est en train de se prolonger durant tout ce mois de décembre. Les amendements apportés, l'été dernier, par ordonnance, à la loi relative à la commune et à la wilaya ont produit des distorsions et des clivages inattendus dans le mode de désignation des présidents d'APC parmi les nouveaux élus. Ces modifications au texte de loi officiellement inscrites dans une démarche proclamée d'«harmonisation avec le nouveau régime électoral» ont, au final, fait prévaloir le jeu d'alliances sur les suffrages exprimés par les électeurs. La phase symbolique et qui consacre dans les faits le principe démocratique, celle de dépouillement des bulletins de vote, se retrouve complètement contrebalancée par les tractations engagées au lendemain des élections et à la périphérie du choix des électeurs.Comme lors du scrutin de 2012, on voit se rééditer le scénario du «qui perd gagne». En lieu et place d'une quelconque harmonisation, c'est une déstabilisation de nombreuses assemblées locales, latente ou ouverte, qui est obtenue. Des situations de blocage risquent d'apparaître bien après l'installation formelle des assemblées et la désignation des exécutifs qui adouberont fatalement les accords bancals contractés dans les semaines qui ont suivi la consultation électorale. Les autorités vont sans doute revoir cette copie foncièrement antidémocratique du code communal, mais un mandat de cinq années ne doit pas être mis aussi froidement dans la case des pertes et profits, quand on connaît le volume et le caractère lancinant du travail qui attend les nouvelles équipes à la tête des collectivités locales. Cette fragilité qui grève précocement de nombreuses APC doit être rapidement résorbée pour permettre une mise en marche, sans délai, de l'administration communale au bénéfice des citoyens. Il n'est pas possible de prolonger, durant l'année qui arrive, encore moins durant tout le mandat, les tractations et les oppositions entre différents groupes d'élus, avec de nouveaux épisodes de blocage, de défiance et de guerre des communiqués. L'épreuve du terrain doit immédiatement suivre celle de l'élection. Le «corps électoral», ou plus globalement la société civile, n'a peut-être pas fini sa mission.
Une ouverture en direction des acteurs sociaux, des comités de village et des associations, à travers la mise en ?uvre effective de la démocratie participative, pourra participer à ressouder les liens distendus au sein des nouvelles assemblées locales, car il n'est pas banal ni sans conséquences que des listes majoritaires soient mises en minorité et exclues de la gestion des affaires de la cité. L'un des enseignements des élections de novembre dernier est que les candidatures indépendantes ont permis d'apporter un nouveau souffle parmi les prétendants aux postes électifs, des compétences avérées et une motivation réelle pour améliorer le cadre de vie de la population. Cependant, le revers des amendements apportés à la loi a fait rejaillir des archaïsmes qui ont imposé une forme de nivellement par le bas. La force de structuration des partis politiques paraît, alors, irremplaçable.
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