Algérie

L'épouse de Nekkaz lance un appel de détresse



C'est un véritable appel de détresse qu'elle lance. L'épouse de Rachid Nekkaz, en détention provisoire depuis 14 mois, appelle les autorités algériennes à le libérer pour des raisons humanitaires.Dans une vidéo postée, avant-hier, sur les réseaux sociaux et authentifiée auprès de ses avocats, Cécile Leroux s'est dit "très inquiète" de la détérioration de la santé de son mari, souffrant d'un début de cancer de la prostate et d'un kyste de 19 mm au foie à potentiel malin, selon la défense.
Jointe au téléphone, Cécile Leroux, très affectée, raconte son désarroi : "Cela devient de plus en plus intenable. La santé de mon époux m'inquiète. Je prie les autorités algériennes de le libérer pour se faire soigner. Son état de santé est devenu critique avec un début de cancer, un kyste au foie et des problèmes respiratoires", dit-elle, ajoutant s'en remettre aux autorités algériennes pour se pencher sur son cas.
"C'est un homme politique. Tous ses avocats disent que son dossier est vide. Il n'est pas normal qu'il continue de croupir derrière les barreaux depuis 14 mois sans avoir droit à un procès", ajoute notre interlocutrice qui dit demander, à travers son appel, l'application de la loi, "rien que la loi". Intervenant pour la première fois depuis l'arrestation de Rachid Nekkaz, le 4 décembre 2019, Cécile Leroux, établie en Espagne, dit que sa sortie médiatique est motivée par les soucis de santé de son époux.
"Je suis une personne discrète. Mon mari, lui-même, me disait tout le temps qu'il n'aimerait pas nous impliquer, moi et son fils Eskander, dans ses affaires politiques. Mais là, je suis extrêmement préoccupée par sa santé. À cela s'ajoute sa décision d'entamer une grève de la faim à partir du 19 de ce mois. Déjà très diminué, une grève de la faim va le terrasser ! Cela m'inquiète. Je ne peux plus me taire", affirme l'épouse de l'homme politique.
Rachid Nekkaz, poursuivi pour "incitation à porter des armes contre des représentants de l'Etat, incitation à attroupement non armé et publications sur Facebook pouvant porter atteinte à l'intérêt national", a été transféré de sa prison de Koléa, à Tipasa, vers la prison de Labiod Sidi Cheikh dans la wilaya d'El-Bayadh, sise à 600 km d'Alger, fin janvier. Un transfert qui a été dénoncé par ses avocats qui évoquent une violation de la loi.
"Son transfert à 600 km d'Alger est illégal étant donné que Rachid Nekkaz est toujours en détention provisoire", soutient Me Zoubida Assoul, ajoutant qu'il s'agit ici d'une "déportation" et d'une atteinte flagrante aux droits du prisonnier.
" Le ministère de la Justice, affirme-t-elle encore, est le premier responsable dans cette affaire de transfert ?honteux', vu les conditions du détenu qui souffre d'un début de cancer."
Pis encore, l'avocate dénonce un affront contre la défense du détenu. "Ce transfert est également une atteinte aux droits de la défense dont le travail se trouve compliqué et entravé par ce transfert.
On ne pourra plus le voir comme avant. Il faut deux jours pour nous organiser et aller jusqu'à sa prison à El-Bayadh", dit Zoubida Assoul, qui estime, par ailleurs, que ce transfert est motivé par les dernières déclarations de Rachid Nekkaz, dénonçant les conditions carcérales en Algérie.
Pour rappel, la Cour suprême a rejeté, le 31 janvier, le pourvoi en cassation introduit par Rachid Nekkaz contre l'arrêt de la chambre d'accusation et son renvoi devant le tribunal criminel. Son affaire sera enrôlée, selon ses avocats, lors de la prochaine session du tribunal criminel de première instance de Dar El-Beïda.

Karim BENAMAR


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