Un Aïd avec du pain et du lait, c'est finalement possible, les Algériens l'ont vécu samedi. Ce n'était peut-être pas évident pour l'ensemble des quartiers de la capitale mais l'«effort» était visible. On ne sait pas dans quelle mesure les actions de «sensibilisation» de l'union des commerçants et quelques mises en garde des pouvoirs publics ont été déterminantes dans cet effort. Mais il n'est pas besoin d'être un grand clerc pour deviner que la menace de représailles devait être plus dissuasive que les appels au civisme des épiciers. Le citoyen, tellement habitué à entendre la même rengaine à l'orée de chaque «fête» de l'Aïd avant de se désillusionner, a fini depuis longtemps par renoncer à attendre un quelconque changement en la matière. Et de se résigner à la débrouille, essentiellement en stockant.Bien sûr, ça ne se passait généralement pas trop mal, et dans la hiérarchie des problèmes sérieux de la vie et des petits désagréments de la vie quotidienne, les difficultés d'approvisionnement des jours de fête n'occupent pas vraiment une place si angoissante que ça. Non pas parce qu'on s'y accommode de gaieté de c'ur, mais parce qu'il y a tellement plus grave - ou pire - qu'on a fini par en rire plus qu'en pleurer. Ça se passait sans gros dégâts mais on a toujours rêvé de mieux. Déjà que la fête est censée apporter quelque bonheur dans une existence rarement agréable à vivre, on imagine ce que cela donne quand, au contraire, elle ajoute à nos difficultés d'autres difficultés. Ce n'est pourtant pas demander la lune que d'avoir du pain et du lait par un jour de? convivialité, de partage et de recueillement. Mais les choses étant au point où elles sont, nous sommes devenus coutumiers de la petite ambition. Enfin, si on peut appeler cela une ambition. Si la chose se confirme pour l'ensemble des villes et hameaux du pays, nous aurons donc vécu samedi une fête du sacrifice sans que le litron de lait et la baguette ne soient problématiques pour un? peuple en fête ! Maintenant que nos paniers à provisions sont complets, y a-t-il pour autant plus de joie dans les c'urs ' Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour répondre à la question, la joie faisant partie des rares choses qu'on ne peut pas cacher.Vendredi, un internaute particulièrement inspiré a posté cette interrogation qui, manifestement, n'attendait pas de réponse : «L'Aïd, c'est demain. Et la fête, c'est pour quand '» Si les Algériens se sont «éclatés», ça se saurait, mais apparemment, c'est déjà ça d'avoir du pain frais et du lait sans avoir à encombrer son congélateur, surtout qu'en ce jour béni, les places sont chères dans le réfrigérateur. Pourtant, ce n'est ni le pain, ni le lait qui sont les «stars» de l'Aïd.Les agapes du sacrifice ont ce jour-là un autre goût. Les vendeurs de barbecues, de bâtons à brochettes, de couteaux et les rémouleurs d'occasion ont déjà fait leur business. Il arrive que le pain ne fasse pas? bouillir la marmite. Et personne ne s'en cache, au contraire, on exhibe. Le recueillement, le partage et la convivialité non plus ne remplissent pas le ventre. Et pour ça, rien n'a changé.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 05/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com