Algérie

L'envers et son décor'



Après une assez longue absence de la scène politique, la rumeur a couru presque naturellement sur l'état de santé du Président, d'abord dont on n'arrivait pas à saisir le sens de son silence prolongé, puis sur celui de son frère hospitalisé à l'étranger, qui n'occupe pourtant pas de fonction officielle. Pour couper court aux spéculations, un peu trop malveillantes aux yeux des locataires d'El Mouradia, on n'a pas trouvé mieux que d'imaginer une petite rencontre toute conviviale entre Bouteflika et ses frères (dont celui évidemment concerné par la rumeur) et la famille Zidane-père et fils de passage à Alger à l'occasion du tournoi de foot en salle dédié à l'amitié franco-algérienne, et dont l'ex-star mondiale devait constituer le clou du spectacle. Pour la circonstance, on a invité la caméra de l'Unique à venir figer pour la postérité cet instant chaleureux et émouvant où l'émotion du contact direct et fraternel dans une ambiance très décontractée passait avant les contingences protocolaires.Les téléspectateurs ont ainsi eu à voir des images exclusives montrant un chef d'Etat souriant, particulièrement pointilleux sur l'accueil réservé à ses hôtes de marque, en bonne forme physique surtout, autrement dit parfaitement, à l'aise dans ce genre de mise en scène médiatique. Des images, certes furtives, montrant aussi pour la première fois en public des membres de sa famille, en l'occurrence deux de ses frères maintenus pourtant volontairement, depuis le premier mandat présidentiel, dans la plus grande discrétion des médias, notamment Saïd que les Algériens ne connaissent que de nom malgré le fait qu'il soit conseiller spécial du président de la République. A côté, Zineddine Zidane, accompagné de son papa et de ses frères et cousins, paraissait dans sa bulle de timidité légendaire visiblement ému d'être honoré de la sorte. Il a exprimé sincèrement son plaisir de retrouver le premier magistrat du pays et sa fierté d'appartenir à ce pays où il a ses racines. On a appris au passage que Zizou est venu avec des projets pour l'Algérie, mais ce dernier a préféré en discuter d'abord avec le Président. Ceci pour dire que les Algériens, qui ont suivi ces séquences à la télé à une heure d'audience très favorable, n'ont pas eu droit aux informations essentielles.On les a conviés à assister à une « rencontre familiale » pour reprendre les termes du Président, et puis c'est tout. Le reste n'est pas tellement important' Jusque-là rien de sensationnel si l'on considère que la culture du scoop n'a jamais fait partie du système de l'Unique, sauf que pour les esprits avisés, il y a quand même comme un hiatus derrière la vitrine. De là à penser qu'il s'agit ni plus ni moins que d'une grossière opération de marketing montée pour faire taire les mauvaises langues et dans laquelle paradoxalement les Zidane n'ont été que la toile de fond d'un décor savamment planté, il n'y a qu'un pas que d'aucuns n'hésiteraient pas à franchir allégrement. Si les sourires de ces derniers en disaient long sur leur satisfaction d'avoir eu le privilège d'une considération aussi élevée, ceux des Bouteflika, même s'ils ne manquaient pas de sincérité, paraissaient en tout cas davantage portés sur l'effet d'une communication qui doit être efficace.Le Président n'est pas malade et son frère se porte bien, tel était en premier l'objectif recherché pas ce scénario médiatique qui n'aurait pas pu se réaliser sans le précieux concours de l'Unique. Curieusement, la Télé nationale qu'on convoque expressément pour répercuter des messages, le plus souvent politiques, sans qu'elle ait la possibilité de se poser des questions, semble se complaire dans ce rôle ingrat qui l'implique malgré elle dans des actions de propagande qui la dépassent. Dans la lancée, par exemple, c'est un Saïd Bouteflika, très intégré dans la sphère du super pouvoir que l'Unique nous a fait découvrir. Le conseiller du Président a lâché consciemment quelques mots qui font de lui auprès des Algériens un homme important. Il a dit en aparté à Zineddine Zidane : « N'hésite pas à venir me voir quand tu veux, je suis très accessible' » Une manière bien singulière de profiter de l'opportunité pour s'affranchir d'un anonymat qui visiblement devient trop lourd à porter. Saïd a toujours été considéré comme étant, au sommet de la pyramide du Pouvoir, une pièce du puzzle qui agit dans l'ombre. Il gouverne mais sans être en première ligne. Le voilà donc qui sort en pleine lumière et beaucoup se demandent pourquoi le Président a saisi cette occasion pour le montrer et l'imposer en quelque sorte aux Algériens. Une opération de marketing politique peut-elle en cacher une autre '


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