L'ENTV verse dans la manipulation

Si la place du 1er Mai était un peu noire de monde, la TV algérienne a fait l’impasse. Les images du JT offraient un spectacle d’une place «calme et sereine». A peine si l’on évoque «une tentative» de marche de 250 personnes, contenus par les éléments de la police et la libération de 14 manifestants interpellés. La présentatrice du journal, l’un des plus brejnéviens du monde, ne faisait que reprendre la version officielle, celle du ministère de l’Intérieur. De la manipulation, répliquent des téléspectateurs. Plus de 3 000 personnes ont tenté de marcher à Alger et pas moins de 300 manifestants ont été brutalement interpellés puis relâchés, selon la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme. Organe central du régime, la TV algérienne ira encore plus loin. Cette fois-ci, en présentant maladroitement des jeunes chauffés à blanc comme des inconditionnels du président Bouteflika. Grossière propagande, de l’avis de plusieurs Algériens qui avaient pris part à la manif. En réalité, il s’agissait d’un groupuscule de jeunes, grassement payés, dépêchés pour chahuter la marche transformée en rassemblement. Bien sûr, le JT en a pas pipé mot.
Autre illustration de la partialité de l’ENTV : la parole est donnée à deux défenseurs des droits de l’homme, Ali Yahia Abdennour et Mustapha Bouchachi. Justes quelques secondes concédées et les deux hommes n’auront même pas le loisir de formuler une ou deux phrases. Le clou du spectacle cathodique proposé par l’Unique consiste en un micro-trottoir au contenu tendancieux et provocateur. Formidablement mis en valeur, les propos recueillis  présentaient les manifestants, pourtant appartenant à toutes les classes sociales, comme «des égarés», des «brebis galeuses», «des fauteurs de troubles» ou «des indésirables».