L'ENTV se fait taper sur les doigts

Il paraît que le ministère de la Communication et l'Anie ne sont pas satisfaits du «travail» de l'ENTV dans la campagne électorale et on l'a fait savoir dans des termes pas très doux. En d'autres circonstances, on aurait procédé autrement, c'est-à-dire en renvoyant quelques responsables, à un niveau ou un autre, selon la nature et la gravité des manquements « professionnels » constatés. En l'occurrence, on a eu largement à le constater depuis le début du soulèvement populaire où plusieurs changements ont été opérés au sein des médias publics. Certains «liftings» ont été décidés entre la poire et le fromage, avant d'en ajouter un autre au moment de passer au café. Mais comme les choses ont considérablement changé et qu'on ne peut plus se permettre le luxe de multiplier les esclandres, on s'est dit qu'un rappel à l'ordre suffirait peut-être. Un rappel sans conséquence immédiate sur la carrière des dirigeants actuels de l'ENTV mais un rappel tout de même, qui ne manque pas de fermeté. Ils sont ainsi, les médias sans autonomie. C'est que leurs personnels ne savent pas toujours ce qu'on attend d'eux. Il arrive qu'on aille un peu trop loin que ce qu'on leur demande, qu'on ne fasse pas assez ou plus fréquemment qu'on ne fasse pas les deux avec le «talent» qui leur est exigé. Comme le ministre de la Communication, également intérimaire de la culture et porte-parole du gouvernement se complait et se plaît manifestement dans son rôle de « méchant » de l'équipe, il est difficile de l'imaginer en train de sermonner la direction de l'ENTV pour d'autres raisons que celles qui sont conformes à la logique qui a inspiré son action depuis son arrivée à ce poste. Il ne viendra en effet à l'idée de personne que Hassan Rabhi puisse interpeller la télévision publique pour son traitement à sens unique de l'actualité nationale, pourtant si riche et variée en ce moment. La formule, en plus d'être ringarde ne rend peut-être pas tout à fait la situation mais elle pourrait suffire. On ne connaît pas avec précision les termes du sermon adressé à l'ENTV mais on sait qu'il lui est reproché la faiblesse de son «investissement» dans la campagne électorale qui serait, selon la tutelle, bien en deçà des énormes moyens mis à sa disposition. On lui aurait même rappelé qu'avec une logistique technique et humaine bien plus modestes, les télévisions «privées» seraient en train d'accomplir un travail autrement plus performant. On sait également que pour répondre aux reproches qui leur sont faits, les dirigeants de l'ENTV comptent déjà organiser des «duels»? à distance entre candidats, histoire de redorer son blason et insuffler un peu de vie dans une campagne problématique et morose. Bien évidemment, personne n'attend non plus de l'ENTV qu'elle organise la confrontation politique. Ce n'est pas dans sa «philosophie» et ce n'est pas sûr que ça arrange les candidats eux-mêmes. Une télévision qui ne tolère même pas la contradiction dans l'analyse d'un match de foot ne va pas s'y mettre maintenant. On «confrontera» alors les? enregistrements en sale de montage. Dans les prochains jours, on saura encore si c'est vraiment ce qui en est attendu. Aussi gentiment que cette fois-ci ou autrement 'S. L.