Algérie

L'entretien de la semaine



M. SAHNOUNE RIAD, ARCHITECTE-PROMOTEUR IMMOBILIER, INVESTISSEUR ET MEMBRE DE LA CONFEDERATION ALGERIENNE DU PATRONAT, AU SOIRMAGAZINE :
«Les lois de la République n'obligent ni l'opérateur ni le client à recourir au paiement par chèque»
Par Zaïd Zoheir
Sahnoune Riad, architecte-promoteur immobilier et investisseur, propriétaire de la société de promotion immobilière Sarl Neo Medina, membre de la Confédération algérienne du patronat (CAP) et vice-président du bureau de Skikda, en exercice depuis 17 ans dans le domaine du bâtiment et de l'immobilier, a bien voulu éclairer notre lanterne sur le rapport des Algériens à l'utilisation du chèque pour les différentes transactions. Une pratique qui leur est plutôt étrangère.
Soirmagazine : Sortir un chèque pour payer une facture n'est pas un réflexe très algérien. Comment peut-on l'expliquer '
Sahnoune Riad : La raison est simple : nous n'avons jamais été élevés dans cette culture, de plus, les lois de la République n'obligent ni l'opérateur ni le client à recourir à ce genre de paiement. L'Algérien ne laisse pas souvent de l'argent dans son compte bancaire ou CCP, car il le veut toujours en espèces, caché soigneusement dans sa demeure. Il vit aussi avec le spectre de l'absence de liquidités dans les banques, à chaque fois qu'il veut retirer quand il en a besoin. De ce fait, toutes ses opérations sont réglées en espèces.
Il arrive souvent que ce soient les préposés aux caisses qui refusent aussi d'encaisser par chèque, un cercle vicieux qu'il nous est difficile de comprendre. Comment l'expliquez-vous'
Franchement, durant 17 ans d'expérience professionnelle dans les domaines du bâtiment et de l'immobilier, je n'en ai jamais vu de cette espèce. L'unique explication que l'on peut donner à ce genre de comportement est liée à l'excès de zèle du guichetier.
Dans votre profession, il vous est arrivé d'être confronté à des clients qui brassent des millions qu'ils promènent dans des sacs en plastique. Comment réagissez-vous face à cette situation '
Je vais être catégorique dans ma réponse : je refuse de travailler avec ce genre de personnes. Je justifie ma position par le fait d'éviter au maximum de m'enfoncer dans l'engrenage du blanchiment d'argent.
Quel est le profil des personnes qui sont rédhibitoires au paiement par chèque '
Ce sont les gens qui exercent dans le volet informel ou bien ceux dont la provenance de leur capital est douteuse.
Il arrive quand même qu'il y ait des clients qui préfèrent tirer leur carnet de chèque ou leur carte bancaire, sont-ils nombreux ' De quelle catégorie socioprofessionnelle sont-ils issus '
Malheureusement, ils sont minoritaires. Ils appartiennent à plusieurs catégories sociales. On peut citer les fonctionnaires et ceux qui activent dans le libéral avec un régime d'impôt réel.
Ne pensez-vous pas qu'en l'absence de textes de loi obligeant les personnes à recourir au payement par chèque, notamment lorsqu'il s'agit de sommes importantes, les gens continuent à s'acquitter de leurs factures en espèces '
A mon avis, il ne s'agit pas seulement d'absence de textes de lois, mais aussi et surtout d'absence de conscience, de civisme et d'intégrité de la part de l'opérateur économique.
Peut-on espérer que l'Algérie puisse un jour atteindre le niveau de Chypre et de Malte, pays très avancés dans le domaine du paiement par chèque, où les chèques interviennent dans respectivement 38,8 et 27,4 % des opérations financières '
Il faut toujours être optimiste dans la vie. Mais cet état d'esprit ne peut être concrétisé qu'avec l'élimination de l'informel, disposer d'une catégorie d'opérateurs économiques d'un niveau requis (universitaire) et armés de la volonté de hisser l'intérêt général du pays au-dessus de toute considération personnelle.
Un dernier mot...
Notre vœu le plus cher est que tous les acteurs de la sphère économique nationale accordent leurs violons pour hisser le pays au rang des nations les plus développées, car l'Algérie a toutes les potentialités requises


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