Algérie

L'entreprise fait vivre le Sheraton d'Oran



En attendant le tourisme « de luxe » prôné par les pouvoirs publics ' dont l'intérêt et la définition restent à expliquer à l'opinion publique ' c'est apparemment Sonatrach qui fait vivre le Sheraton d'Oran, une immense structure hôtelière inaugurée en grande pompe en 2005. Depuis hier, une délégation de près de 200 employés de la compagnie nationale séjourne dans cet hôtel pour une formation de deux jours, intégrée dans le « safe behaviour program », financée entièrement par la société sous l'égide de l'IAP, le nouvel Institut algérien de pétrole qui, localement, est mis sous la coupe du groupe Aval. L'ancien, à vocation universitaire, est abandonné et ses locaux cédés à l'université d'Es Sénia. A ce niveau, cette formation peut paraître anodine, mais il faut savoir que ce programme, dont l'objectif à terme est de faire adopter un comportement humain capable de faire barrage aux accidents industriels, concerne les quelque 120 000 travailleurs de Sonatrach et, depuis son inauguration en mai 2007, il a fait bénéficier 40 000 employés, selon un cadre de la compagnie.La nécessité de se préoccuper de la sécurité des personnes et des installations du géant pétrolier national est indéniable, mais l'opinion publique locale s'est, à maintes reprises, interrogée sur la pertinence des grands rassemblements périodiques dans cet hôtel de luxe (relativement à ce qui existe à Oran comme structures d'accueil) alors que l'investissement sur la sécurité aurait très bien pu se faire directement sur site. Couvert de manière sélective par la presse (invitations triées) à son lancement, aujourd'hui, ce programme se déroule presque à huis clos et visiblement sous haute protection, peut-être aussi à cause du scandale qui éclabousse la compagnie. En effet, malgré un accord de principe proposé à la veille du début des travaux, un des responsables chargés de la sécurité a exigé un ordre de mission spécial pour accéder à la salle.Ce qui fut fait mais, à notre grande surprise, il fallait aussi avoir un accord de l'IAP. « Il est interdit aux gens qui ne sont pas de Sonatrach d'accéder à la salle. Il faut contacter l'IAP de Boumerdès, dont dépend l'IAP d'Oran, et s'ils vous donnent l'autorisation de couvrir l'événement, nous vous laisserons entrer », nous indique-t-on à l'entrée, en nous assurant qu'il reste encore les journées d'aujourd'hui et de demain. Quoi qu'il en soit, les candidats à la formation sont pris en charge en pension complète et un regard sur les tarifs de cet hôtel donne une idée de la facture globale ' la nuitée coûte aujourd'hui entre 16 000 et 20 000 DA. Mais l'accord qui sous-tend des réservations pour toute la durée du programme a été signé en 2007 et, selon une source digne de foi, la formation revient à 100 000 DA par personne, tous frais compris.Pour cette session, les organisateurs ont également fait appel à l'ancien international de football, Lakhdar Belloumi, pour, selon un chargé de l'organisation, « effectuer un exercice physique ». C'est, explique-t-on encore, un concept norvégien qui consiste à faire appel à des personnalités locales pour ce genre d'événements. L'image d'une compagnie qui n'est pas très regardante sur les dépenses concerne également le projet du futur centre des conventions d'Oran avec son hôtel Méridien conçu spécialement et dans des délais relativement courts pour abriter le prochain congrès du gaz, le GNL. Le coût, 400 millions de dollars (El Watan du 2 août 2008), paraît exorbitant pour une structure qui conjugue métal et béton et dont les éléments sont conçus en Espagne et assemblés directement sur le chantier (pour gagner du temps) comparé à l'actuel Sheraton nettement plus imposant mais qui n'a coûté que 9,1 milliards de dinars, soit 91 millions d'euros environ (El Watan du 2 mai 2005).Des dépenses, il y en aura encore avec l'affrètement de deux, si ce n'est trois bateaux-hôtels pour abriter plus de 4000 personnes invitées au GNL16, les Grand Celebration et Grand Voyager affrétés auprès d'un armateur espagnol n'offrant que 1163 chambres. Le congrès dure une semaine et tout ce qui se fait à Oran, ces jours-ci, va dans cette direction, c'est-à-dire un maquillage de la ville pour plaire aux invités.


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