Algérie

L'entrepreneuriat : la réalité algérienne décortiquée par des experts


L'Algérie se caractérise par une faiblesse, voire une absence de l'esprit entrepreneurial, qui est difficile mais pas impossible à combler. C'est ce qu'ont affirmé des experts ayant pris part, hier, à une journée sur l'entrepreneuriat organisée par l'Institut international de management (Insim) de Tizi Ouzou. "La grande difficulté du développement de l'entrepreneuriat en Algérie vient du fait que l'entrepreneuriat ne s'enseigne pas, car il s'agit d'une culture, et donc d'un ensemble de valeurs que l'on commence à acquérir dès le jeune âge, et en Algérie, ni le système de l'éducation ni l'écosystème ne sont favorables à l'émergence de cette culture entrepreneuriale", a expliqué, à ce sujet, Yettou Mahdi, P-DG de YA Technologie, qui a présenté une communication intitulée : "Entrepreneuriat, quel potentiel à l'ère du numérique '". Pour ce manager qui a longtemps fait ses preuves au Canada, "l'entrepreneuriat, on peut l'encourager, on peut enseigner ses bonnes pratiques, mais on ne peut enseigner les valeurs qui le fondent, comme l'ambition, la créativité, la motivation, l'engagement, l'empathie, la persévérance et l'innovation". C'est, dit-il, cette culture qui manque justement en Algérie où l'on observe, a-t-il souligné, un manque d'innovation, de créativité, d'ambition et de persévérance. "L'écosystème n'est également pas favorable en Algérie où les difficultés et obstacles sont nombreux, les financements manquent et les processus de régulation sont rigides et lents", a-t-il encore relevé.
Lors des débats qui ont suivi, l'économiste Kamel Zeggane a cité encore d'autres facteurs qui sont à l'origine de l'absence de la culture d'entrepreneuriat en Algérie. "Il y a d'abord le facteur religieux qui est à l'origine du développement de l'activité commerciale au détriment de l'entrepreneuriat, puis le facteur historique de la colonisation qui a développé chez l'Algérien beaucoup plus l'esprit d'agriculteur, puis encore la période socialiste durant laquelle c'était l'Etat qui faisait fonction d'entrepreneur", a-
t-il analysé, non sans souligner l'existence, actuellement, en Algérie, d'une prise de conscience au sujet du développement de l'entrepreneuriat dont l'enseignement commence à être intégré dans les cursus de formation, mais qu'il reste à généraliser et à étendre à tous les niveaux pour atteindre un plus grand nombre de jeunes. Présentant une communication intitulée "L'entrepreneuriat innovant en Algérie : quel impact des différents programmes '", Nafa Aziz, chercheur au Cread, ne semble pas, quant à lui, partager ce constat. Dans sa réflexion sur l'intention entrepreneuriale chez l'étudiant, ce chercheur a mis en évidence les résultats des différents programmes, européens et algériens, lancés dans le but de créer une dynamique entrepreneuriale chez les étudiants. "Comme résultats, on a obtenu que des dizaines de milliers de candidats ont été enregistrés, des milliers d'étudiants ont été formés et des dizaines d'entreprises innovantes ont été créées. Ces programmes impactent positivement le stimulus des étudiants et les motivent à porter leurs idées au stade de projets, et il y a un effet d'entraînement, mais il reste qu'il y a nécessité de travailler la théorie du comportement auprès des étudiants", a-t-il décortiqué, avant qu'un conseiller du groupe Condor, Adel Derder, ne présente l'approche entrepreneuriale du groupe qu'il représente.
Samir LESLOUS
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