Algérie

L'entente à crédit


L'entente à crédit
«Les banques sont prêtes pour la réintroduction prochaine du crédit à la consommation». C'est Abderrezak Trabelsi, délégué général de l'Association des banques et établissement financiers, qui en a fait l'annonce sur les ondes de la Radio nationale. C'est toujours bon à savoir pour ceux qui, par candeur, pouvaient espérer encore une autre réaction que celle-ci. On n'a pas vraiment l'habitude de voir les dirigeants de nos banques et de nos «établissements financiers» se permettre l'audace d'un avis autonome, mais on pouvait tout de même envisager de les voir exprimer quelques appréhensions formelles. Pour les autres, c'est-à-dire l'écrasante majorité de l'opinion, ils savaient que les banques sont toujours «prêtes». On l'aura très vite compris, la chose s'arrête aux disponibilités «techniques», pour ne pas dire formelles : «la mise en ?uvre de cette mesure est suspendue à la publication par voie réglementaire de la liste des entreprises et des produits concernés» ! Remarquez, les banques ne font que suivre les bonnes dispositions générales en la matière.C'est le ministre du Commerce qui a annoncé le rétablissement du crédit à la consommation sans que l'idée d'expliquer pourquoi on l'a supprimé ne lui vienne une seule seconde à l'esprit. Difficile en effet d'expliquer le retour au crédit à la consommation quand ce qui a motivé sa suppression est toujours là, si tant est qu'il ait existé un jour ! L'endettement des ménages. Vous vous rendez compte ' Est-ce qu'il disparaît dès lors qu'on achète des produits locaux? à crédit 'Autre raison censée expliquer le «retour» : la réduction des importations. Est-ce qu'il y a un produit dont le volume d'importation a baissé depuis qu'on a supprimé le crédit à la consommation ' Non seulement les importations n'ont pas baissé mais elles ont considérablement augmenté. A commencer par le produit le plus emblématique de cette mesure, l'automobile, de par son «succès» dans la formule et la masse monétaire qu'elle a pu mobiliser auprès des banques. Et des ménages, cela va de soi.Et les banques dans tout ça ' Rien. Elles n'étaient pour rien dans la décision de la première formule, elles n'étaient pour rien dans sa suppression. Quelque chose a changé depuis ' Non. Alors, pourquoi voulez-vous qu'elles soient pour quelque chose dans le retour au crédit à la consommation version «patriotisme économique» 'Pourquoi les banques ne seraient-elles donc pas «prêtes» à enclencher une opération qu'elles n'ont jamais songé à remettre en cause même partiellement ni même émettre un avis sur les termes techniques de sa concrétisation ' Il faut tout de même reconnaître une certaine cohérence dans l'attitude de nos «établissements financiers» : puisqu'ils sont obligés de répondre aux sommations politiques, pourquoi faire semblant d'avoir participé à la décision ou ? pire ? à sa conception ' Alors, les «banques et les établissements financiers» ont fait simple.En allant même chercher l'écueil à dépasser avant l'heure de vérité, le rush sur les guichets, dans la bouche de ceux qui ont pris tout seuls la décision. Le gouvernement l'a déjà dit il y a des mois, tout ce qui reste à faire est d'attendre que les entreprises se manifestent pour désigner les produits concernés par le crédit à la consommation. Et M. Trabelsi a dit la même chose avant-hier. L'entente parfaite. Elle n'est pas belle, la vie ' laouarisliman@gmail.com


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)