L’enseignement initiatique de Sidi Boumédiène Radya Allah ‘Anhou

Introduction: La Taryqa ou chemin initiatique Sidi Boumédiène est le «saint patron» de Tlemcen, dit-on communément... En langage parlé en Algérie, on dira «muwl el bled», ce qui signifierait approximativement la même chose, avec une acception différente de la «sainteté», «saint» ou qudùs étant réservé en islam au Seul Créateur subhànahu wa ta’àlà. L’éducation dispensée par les maîtres des écoles traditionnelles ou zaouia insiste sur le fait qu’en islam il n’y a pas «d’intercesseur» auprès de Dieu et le «wàly»traduit par saint) n’est qu’une «wasylà», le «support», l’aide dans le chemin ou taryqa qui mènerait à l’assistance divine; à l’instar du «bâton» de Moise, le wàly ou «ami» de Dieu, n’aide le cheminant que par La Loi Révélée, assurant équilibre et la connaissance», harmonie nécessaire entre l’exotérique et l’ésotérique (zàhir et bàtyne ou chary’a et haqyqa).Les enseignements des wàly sont pérennisés par les écoles traditionnelles , les zaouias, qui ont pour éponymes des Maîtres dûment reliés à des chaînes de maîtres remontant à notre Prophète ‘aleyhi essalàm. C’est dans la zaouia derqawouia de Tlemcen, école construite par mon grand père Moqaddem de Cheikh El Habry, Sidy El Ghaouthy Hadj Eddine, radya Allah ‘anhumà, qu’il nomma Zàouia Rahmatsu Allah, située dans le quartier dit ‘Ars eddydou, que je fus enseigné, Coran et Tewhyd (sciences religieuses islamiques) par le taleb Sidy Qaddour Ben’ayed rahimahù Allah, disciple spirituel de Moulay El ‘Arby Edderqaoui (1737-1823), lui même disciple de l’Imàm Abù El Hasàn Eschàdhily(1196-1258) disciple de Sidi Boumédiène (1126-1198). Mon père Hàdj Mostéfa rahimahù Allah disciple de Sidi Qaddour Ben ‘Achour (de Nedromah) (1850-1938) radya Allah ‘anhum, me disait que les initiés retiraient leurs chaussures quand ils arrivaient à Tlemcen , eu égard aux wàlys qui jonchent chaque empan du sol tlemcénien. Ceci est en soi un geste symbolique de la taryqa, «se déchausser- khal’ enna’leyn»: Moïse ôta «ses deux sandales» en cheminant vers Dieu2...L’on dira des enseignements des Cheikhs qu’il s’agit de « soufisme «, terme galvaudé de toute époque par des détracteurs qui, souvent, n’ont jamais étudié ces enseignements se limitant à interpréter des concepts hors contexte, selon «l’opinion -dhzann», «l’opinion est ennemie de la science» enseigne Socrate à ses disciples1, «l’opinion fourvoie, égare de la Vérité «enseigne le Coran en de nombreuses occurrences3; le terme de «soufi» qui est actuellement entendu comme sectaire, hélas, ne sera utilisé dans cette communication qu’au sens premier de sagesse, tel qu’en parle Ibn Khaldùn, par exemple, et j’avoue n’utiliser «soufi» qu’avec appréhension, tant ce terme est «chargé négativement» par les tenants de la religion institutionnalisée, à travers le monde, les Docteurs ès-Loi formalistes ou, nouveau courant à la mode, réformateurs. A suivre… Ghaouthy Hadj Eddine Sari Ali Conférencier dans les formations en Bioéthique et Droits de l’Homme (Fédération Européenne des Réseaux scientifiques- Ethique et Droits de l’Homme) (Conseil de l’Europe- Strasbourg- Délégué général de La Fraternité d’Abraham- Paris)   Notes   1 (cf.Eutyphron de Platon retraçant le procès de Socrate et son exécution par les traditionalistes religieux) 2 (Coran VII/144 ;XX/12); Les paraboles concernant Moïse ‘aleyhi essalàm sont évoquées par Ibn ‘Araby dans Fusùs El Hikem (trad.Sagesse des Prophètes), « le baton « combat les illusions des magiciens XX/65-70, permet d’abreuver les croyants selon leurs aptitudes II/60, pourfend et fraye un passage dans le bahr= océan, l’eau qui noie les tyrans XXVI/62-66, l’eau symbole de science, est ici , science instrumentalisée par les tyrans...bahr est souvent utilisé dans les sentences comme symbole de science et connaissance 3 (cf. VI/114-116 ; X/36) le dhzan, opinion spéculative