Algérie

L'enseignant entre impératif de qualité et besoins sociaux Marasme et baisse du niveau scolaire sanctionnent les réformes



L'enseignant entre impératif de qualité et besoins sociaux                                    Marasme et baisse du niveau scolaire sanctionnent les réformes

Photo : Riad
De notre correspondant à Oran
Mohamed Ouanezar
La communauté de l'éducation nationale, quant à elle, par opportunisme ou par inconscience, s'accroche aux revendications salariales. Cela, souvent dans la confrontation et dans la perte de temps, très précieux dans le secteur. De son côté, le ministère de l'Education nationale qui tâtonne, depuis des années, dans des soi-disant réformes et autres mesures de reprogrammation de l'année scolaire, s'entête à pondre des réformes d'en haut, sans consulter et sans associer les professionnels et les spécialistes du secteur, qui, pourtant, ne manquent pas. Du coup, le secteur se retrouve, depuis quelques années, au c'ur d'une grande tourmente qui n'en finit pas de provoquer des remous et surtout de gangrener le secteur en entier. Pourtant, les deux parties se rejettent la responsabilité de ce marasme et de cette baisse de productivité dans les écoles algériennes. Une baisse qui frise la quasi-panne générale. Du côté des parents d'élèves qui déplorent «la prise en otage» de leur structure par «des calculs politiciens irresponsables et irrespectueux des normes du savoir et de la connaissance», «le débat doit s'axer sur les aspects pédagogiques et éducatifs de l'écolier. Ils doivent nous associer au débat. Ce sont les parents qui doivent fournir des informations au sujet des difficultés de scolarisation, sur le niveau d'adaptation de l'enfant avec les nouveaux programmes, l'évolution du niveau ou sa baisse, les difficultés scolaires et les besoins des enfants dans ce milieu», note un parent d'élève, dissident d'une association d'école affiliée à la Fédération nationale des parents d'élèves, FNPE. Et ce dernier de renchérir : «Malgré tous les discours de bonne volonté et les déclarations pompeuses, ils continuent de fonctionner comme dans les temps révolus, au ministère de l'Education nationale. Est-ce qu'il n'y a pas d'autres alternatives ' » Mais les enseignants ont, eux aussi, une grande part de responsabilité dans cette baisse de niveau chez les écoliers et la régression dans les rendements pédagogiques. «Nous avons nos problèmes, nous aussi. C'est un tout, c'est vrai. Seulement, on ne peut pas demander à une enseignante qui se débat dans une situation sociale désastreuse de se consacrer pleinement à des tâches pédagogiques, de plus en plus importantes», note madame Ouali, enseignante dans la périphérie de la ville d'Oran. Cette dernière loge, après plus de 20 années de travail, dans un taudis où l'eau, l'électricité et le gaz lui sont fournis par des voisins généreux. Toute sa vie elle a attendu son logement et, finalement, elle se retrouve dans une pièce cuisine de fortune avec un toit en zinc étanche en saison hivernale. Autant de soucis pour cette enseignante qui se bat pour une certaine dignité due à son rôle et à sa fonction sociale. Du côté des syndicalistes, bien qu'on aborde «l'incohérence des programmes et des mesures récentes introduites par Benbouzid en guise de réformes, prétextant l'absence de moyens didactiques, l'inadaptation de certains programmes», on axe surtout sur les revalorisations salariales et les régimes indemnitaires. «Un enseignant de nos jours n'a pas sa place dans ce décor social. Il faut le libérer des pesanteurs sociales et lui permettre une vie décente, c'est un minimum que nous revendiquons, pour aboutir au reste. Ça viendra, la conscience professionnelle est là et la volonté aussi. Nous avons du temps à rattraper, mais ce n'est pas notre seule responsabilité. Les pouvoirs publics doivent donner un bon coup de pied dans la fourmilière et je pense que c'est le meilleur moment pour le faire, parce que nous sommes encore en début d'année scolaire», note Mezouar Kada, représentant de l'UNPEF à Oran. Du bon sens dans les avis et les propositions, il y en a chez les enseignants et les parents d'élèves. Reste à savoir si les responsables du secteur ou encore le président de la République vont permettre un déblocage de cette crise qui prend en otage notre école et le niveau scolaire de nos enfants.




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